Par un raccourci, habituel et culturel, on fête, on célèbre, les ouvertures, les anniversaires de naissance et de mort. Novembre 2022, c’est la coupe du monde football au Qatar et novembre 2022 c’est aussi le centenaire de la mort de Marcel Proust, à Paris à l’âge de 51 ans, le 18 novembre 1922.
Comme je suis plutôt Proust que foot, mon billet d’humeur fera la courte échelle à la littérature plutôt que le shoot dans un ballon rond.
Chacun aurait « son Proust » ou … n’a rien lu de lui… Qu’importe puisque chaque œuvre compte autant sur son public que sur son auteur pour exister et perdurer.
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« Vous a-t-on dit que l’hôtel particulier que vient d’acheter madame Verdurin sera éclairé à l’électricité ? Je ne le tiens pas de ma petite police particulière, mais d’une autre source : c’est l’électricien lui-même, Mildé [1], qui me l’a dit. Vous voyez que je cite mes auteurs ! Jusqu’aux chambres qui auront leurs lampes électriques avec un abat-jour qui tamisera la lumière. C’est évidemment un luxe charmant. D’ailleurs nos contemporains veulent absolument du nouveau, n’en fût-il plus au monde. Il y a la belle-sœur d’une de mes amies qui a le téléphone posé chez elle ! Elle peut faire une commande à un fournisseur sans sortir de son appartement ! J’avoue que j’ai platement intrigué pour avoir la permission de venir un jour parler devant l’appareil. Cela me tente beaucoup, mais plutôt chez une amie que chez moi. Il me semble que je n’aimerais pas avoir le téléphone à domicile. Le premier amusement passé, cela doit être un vrai casse-tête. (Extrait de « À l’ombre des jeunes filles en fleurs »)
Et vous, êtes-vous aussi circonspects que madame Cottard ?
Ou êtes-vous devenus accros du téléphone, au point de continuer à jouer sur votre écran alors que votre enfant vous parle ? Commandez-vous votre pizza par téléphone pour qu’on vous la livre céans ?
Quand vous sortez d’une pièce, éteignez-vous la lumière ou laissez-vous brûler l’électricité ?
On dit que c’est une affaire de génération … La littérature nous invite à faire des détours et peut nous aider à regarder mieux nos attitudes.
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En tant que lectrice, je peux témoigner que Proust me surprend toujours.
En tant qu’aînée, je peux témoigner que, lorsque j’étais jeune, j’ai appris à faire la chasse au gaspi.
En tant que citoyenne, la débauche d’éclairage commercial et publicitaire de nos pays dits développés me choque.
En tant qu’usager, je suis pour un éclairage public basse consommation et bien réparti dans les recoins.
En tant que femme de mon époque, je trouve qu’il est bon de faire des arrêts sur images, réguliers, pour réfléchir et se désintoxiquer !
Et vous ? Comment faites-vous ?
Catherine Gras
Présidente du Conseil d’orientation de Galilée.sp
[1] A réellement existé. Charles Mildé a fondé un véritable empire grâce à l’apparition de l’électricité. https://proust-personnages.fr/les-personnages-de-la-recherche/personnages/milde/