Colloque Phil’oboulot du 23 novembre 2016
« Échéances électorales : comment représenter le travail ? »
Matinée dense et intense pour ce colloque dédié à un sujet d’actualité, après l’entrée en vigueur de la loi « travail », des primaires, de l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis et avant les élections présidentielle et législatives de 2017.
En accord avec les organisateurs de ce 5ème Phil’oboulot, Jean-Jacques Sarfati, professeur de philosophie, avait pris une initiative inédite en amenant sa classe de terminale pour suivre les interventions de leur enseignant ainsi que celles d’Hervé Nathan, journaliste, rédacteur en chef économie et social à l’hebdomadaire Marianne et de Paul Alliès, professeur émérite de Science politique, Doyen honoraire, Faculté de Droit et de Science politique de l’Université de Montpellier.
Les mots d’introduction
Denis Maillard, Directeur de la communication de Technologia, rappelle comment est née cette idée d’organiser, entre Galilée.sp et le Cabinet Technologia, une réflexion sur ce que la philosophie dit du travail, comment on peut penser « philosophiquement » le travail. Aujourd’hui, on parlera politique, échéances électorales, transformations des emplois et plus généralement du concept même de travail et de certaines « maladies » qui y sont liées : burn-out, job-out… Il sera aussi question d’espoir de voir comment on peut se sentir bien dans son travail, comment on peut se « réaliser » grâce au travail.
Catherine Gras, Présidente de Galilée.sp s’adresse tout d’abord aux jeunes de terminale en présentant le ministère de l’économie, des finances et du budget et les missions qu’il remplit. Revenant sur les thèmes abordés lors des colloques conjoints de Galilée.sp et de Technologia, elle met l’accent sur les objectifs de ces rencontres : à partir des pensées philosophiques d’hier et d’aujourd’hui, faire le lien avec notre vie quotidienne et les enjeux actuels.
Jean-Claude Delgènes, Directeur général de Technologia, remercie les intervenants de ce colloque et les participants, notamment les plus jeunes qui vont être prochainement confrontés à la fois à leurs devoirs de citoyens et à celui de leur insertion dans le monde du travail. Après avoir présenté l’activité et les actions menées par Technologia, Jean-Claude Delgènes, revient sur la place du travail dans nos vies, comment nous nous construisons grâce à lui, comment il nous permet d’être en lien avec les autres, mais comment il peut aussi être facteur de stress, voire de pathologie, d’exclusion quand survient la perte d’un emploi. L’un des enjeux dans le monde professionnel actuellement, c’est de retrouver du plaisir au travail, de pouvoir s’épanouir en privilégiant la créativité, et considérer le travail non comme une aliénation, mais comme un facteur d’émancipation et de libération.
Pour atteindre ces objectifs, il y a encore un long chemin à parcourir. Il faut faire pression sur nos responsables politiques à tous les niveaux, pour qu’ils prennent en compte toutes les dimensions du travail, les évolutions des métiers, les défis nouveaux auxquels nous sommes tous confrontés avec le recours croissant aux robots et à l’intelligence artificielle. Il y a urgence à mener ces combats, car actuellement aucun des programmes des candidats à l’élection présidentielle n’envisage d’engager le débat sur les restructurations, les réorganisations de services (par exemple dans le secteur de la santé), sur les incidences de de l’utilisation des nouvelles technologies dans le monde du travail avec des transferts de compétences de l’être humain vers la machine intelligente dans presque tous les domaines, et plus largement des conséquences possibles de la numérisation de la société.
Jean-Claude Delgènes conclut son propos par un texte de Nietszche de 1881 sur la glorification du travail : «le travail constitue la meilleure des polices, il tient chacun en bride et s’entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l’indépendance. Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l’amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société où l’on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité : et l’on adore aujourd’hui la sécurité comme la divinité suprême ». (Extrait de « Aurore »). Le texte complet peut être consulté sur Wikisource.
Alors, faut-il se libérer du travail ou bien le travail est-il une libération ? A nous tous, ici présents et ailleurs aussi, de tenter de répondre à cette question !
Pierre Morville, coordinateur du colloque « Phil’oboulot » introduit le débat entre sphère politique et monde du travail par un rappel « sémantique » et étymologique.
Tout d’abord sur l’origine du mot travail : le « tripalium », instrument de torture à l’ère de l’empire romain, à trois branches qui évoque les douleurs du travail, à l’image du « travail » de la parturiente. Toutefois, cette étymologie est contestée et pour certains universitaires, l’origine du mot travail viendrait du latin « trabs/trabis» qui signifie poutre et qui a généré le mot entrave, entravé, à l’image de l’animal que l’on entrave pour le ferrer ou l’abattre. Au 12ème siècle, le mot travail était synonyme de souffrance.
Et quid du « boulot » ? Ce terme apparaît à la fin du 19ème siècle orthographié « bouleau », comme l’arbre du même nom. Le bois de bouleau est difficile à travailler et demande beaucoup d’effort de la part du menuisier. D’où l’idée de pénibilité.
Le « boulot » pourrait également venir du mot « boule » à l’origine du mot « boulotter », autrement dit, « mener une vie tranquille, sans surprise », à mettre en parallèle avec « boulotter/manger » du langage familier.
La racine indo-européenne « bu » a donné « boss » et « bosser » qui sont tous deux passés dans le langage populaire, avec l’idée de « se courber » du fait de la dureté de la tâche à accomplir.
Dans ces derniers termes, on retrouve la double idée de « douleur » et de « rondeur ».
Cette même racine indo-européenne a donné aussi des mots comme « billet » (de banque), ou « bulletin » (de vote)
En qui concerne le mot « politique », son origine est plus facilement identifiable : il vient du grec « polis » (la cité/état), une communauté de citoyens libres et autonomes. Mais ceci ne concernait que « les mâles de plus de 18 ans, qui a fait son service militaire et dont le géniteur était lui-même citoyen ». Pour les grecs, la femme était « irrationnelle », donc incapable de prendre des décisions politiques et les esclaves étaient dépourvus de la faculté de délibérer, quand ils n’étaient pas considérés comme des animaux », sans parler des barbares considérés comme des êtres inférieurs.
Au centre de la pratique démocratique se trouve l’égalité de droit de la parole dans l’espace public.
Le mot politique dans le sens « science du gouvernement de l’Etat » a commencé à être employé au 13ème siècle.
Les différents sens du terme « polis » au fil du temps :
- une donnée sociale : il s’agit d’une communauté d’ayant-droits libre et autonome, structurée
- une donnée spatiale et physique : lien insécable entre ville, territoire et écosystème
- une « extension » de sens : de la cité à la nation avec l’idée concomittante de souveraineté
Mais ce dernier schéma est remis en cause par l’apparition d’entités plus larges telles que l’Union européenne, avec des lois et des règles qui s’imposent aux citoyens qui n’en comprennent pas toujours le sens, puisque très éloignés des centres de décision et qui sont dans une incapacité de fait de s’exprimer. La parole du citoyen de base est assez difficilement identifiable.
Dans ce cadre, on ne sait plus très bien qui est à l’origine de quoi… Et dans le domaine du travail, les français ont le sentiment qu’on ne sollicité plus guère leur avis sur les lois et décrets qui le réglementent. Lors de la présentation de la loi « El Khomri « , 67 % des français y étaient opposés… On connaît la suite… ! Même chose pour le recul envisagé de l’âge du départ en retraite (64 % d’opposants).
Mais les sondages sont-ils fiables ?….
Les citoyens ne comprennent plus et sont inquiets. Les promesses politiques se font à la fois plus fortes… et moins tenues ! L’information est « simplifiée » au maximum et est assez loin de la réalité.
Du coup, l’individu se sent impuissant, avec un sentiment de « schizophrénie » entre la vraie vie et l’analyse du monde. Le discours remplace l’action, les opinions se font caricaturales, et deviennent sources de frustrations.
Enfin, quid de la représentation du monde du travail au sein des institutions ? Alors que les ouvriers représentent encore 12,5 % de la population française, on ne compte aucun ouvrier à l’Assemblée nationale. Le cas est assez similaire pour ce qui concerne la population des employés. Autrement dit, il n’y a pas de réelle représentation populaire au sein des élus.
http://www.dargaud.com/index.php/bd/Platon-La-Gaffe
Les interventions
Jean-Jacques Sarfati, Chargé de cours GEC (Grands enjeux contemporains) Université Paris Dauphine. Professeur et docteur en philosophie. Juriste, Ancien Avocat à la Cour d’Appel de Paris.
Lever les voiles ! La philosophie peut-elle aider à régler les problèmes auxquels nous sommes confrontés ?
Jean-Jacques Sarfati pose quelques constats préalables pour tenter de répondre à cette question. :
– La montée des inégalités
– La fuite en avant des élites, en référence au livre de Christopher Lasch
– Un sentiment de dislocation du lien social
– Un repli narcissique
– Avec un durcissement des « sphères » (les communautés, mais aussi les disciplines… ) qui ne se parlent plus, qui ne se comprennent plus. Il n’y a plus de dialogue. On peut ajouter à cela le phénomène d’une société de défiance, avec un manque de médiation à tous les niveaux. Trop souvent les machines remplacent l’humain et du coup, il n’y a plus de contact possible.
Quelle est la réponse politique à ces problèmes liés au monde du travail ?
On est en présence de 3 blocs :
– Libéral qui veut supprimer le Code du travail et réintroduire plus de liberté entre salariés et employeurs
– Social qui veut lutter contre toutes les formes d’inégalités
– Nationaliste qui « ne fait pas bon accueil à l’étranger » (sic)
Ce nouveau constat entraîne une autre question : le politique doit-il « coller » à la réalité ? Il a peut-être un autre rôle à jouer…Et la réponse reste en suspens…
Quelles peuvent être les réponses philosophiques à ces difficultés ?
– Une approche négativiste : c’est le déclin, on n’y peut rien, notre société est celle du « vide » où plus personne ne parle à personne (société de défiance)
– Une approche positiviste : cette approche est celle du monde juridique, mais aussi scientifique qui veut « dépasser » ces réalités par le truchement du savoir
– Et une troisième approche qui serait une « philosophie politive » consistant à prendre les problèmes à bras-le-corps… avec cependant le recul et la distances nécessaires en développant l’interdisciplinarité comme la pratiquent Technologia et Galilée.sp avec le soutien d’autres professionnels, juristes, journalistes, entrepreneurs, hauts fonctionnaires, syndicalistes, étudiants…pour penser ensemble non seulement au sujet, mais «LE » sujet lui-même. En fait, le but de cette démarche est de redonner sens à tout cela, de retrouver le vrai sens des mots en revenant à l’étymologie comme l’a fait Pierre Morville dans son propos.
Le mot « travail » prend des sens différents selon les populations qu’il concerne. Dans le cas des jeunes scolaires ou étudiants, le travail, c’est souvent synonyme d’entrée dans un monde où les inégalités sont de plus en plus fortes, à un moment où les mutations du travail sont conséquentes, c’est accéder à un métier qui leur conviendra. Pour les femmes, le travail c’est encore très souvent un instrument de libération, d’autonomie, la possibilité d’accéder à un vrai statut social. Pour parvenir à ce résultat, les femmes ont mené un vrai combat
Retrouver la bulle d’énergie première…
Celle qui permet de « redémarrer », de retrouver les sens… ou l’essence…, non plus seulement à partir de mots, mais à partir de textes philosophiques, tel celui de John Locke dans son « Traité du gouvernement civil » où le philosophe anglais écrit : « Chacun a un droit sur sa propre personne, sur laquelle nul autre ne peut avoir aucune prétention. Le travail de son corps et l’ouvrage de ses mains, nous le pouvons dire, sont son bien propre. Tout ce qu’il a tiré de l’état de nature, par sa peine et son industrie, appartient à lui seul : car cette peine et cette industrie étant sa peine et son industrie propre et seule, personne ne saurait avoir droit sur ce qui a été acquis par cette peine et cette industrie, surtout, s’il reste aux autres assez de semblables et d’aussi bonnes choses communes. » (cf. Chapitre V, § 27)
Ce texte est révolutionnaire dans le sens où il a été à l’origine des révolutions anglaise et américaine. Il est également intéressant car on peut le considérer comme le texte fondateur du libéralisme. Dans ce contexte, on peut dire que le travail peut être considéré comme un élément de libération : contre l’esclavage, contre l’oppression, contre l’exploitation de ceux qui abusent de nos peines, de nos efforts, de notre souffrance. Le travail, c’est ce qui permet de s’approprier le monde, la nature, la réalité. Or au 18ème siècle, le travail est déconsidéré par l’élite, méprisé par une aristocratie qui s’est construite sur le concept d’héritage. La Bourgeoisie considère pour sa part qu’il faut donner le pouvoir à ceux qui le méritent, c’est-à-dire à ceux qui travaillent, d’où la notion de « méritocratie »…
« Gagner son pain à la sueur de son front »…
Du fait de l’interprétation faite pendant des siècles du livre de la Genèse, le travail était synonyme de punition et de souffrance (« tripalium »). La révolution libérale du 18ème réintroduit le travail au centre de la société en réponse, en réaction à l’interprétation biblique, « faussée » par des traductions qui servaient les intérêts des clercs, des « princes » de l’église.
Aujourd’hui, dans son acception « moderne », qui dit travail dit peine, effort, mais qui dit effort, dit aussi plaisir à faire émerger l’énergie, la force qui est en soi.
La post-modernité
Le monde actuel a remis en cause le libéralisme. Cela s’est fait de deux manières :
– Avec le marxisme : qui introduit la notion de capital et la lutte qui va s’engager entre ceux qui détiennent le capital et ceux qui « louent » leur force de travail. Le pouvoir appartient à celui qui détient l’argent. La « méritocratie » par le travail développée par Locke est remise en cause.
– Avec l’approche d’Hannah Arendt dans son livre « la condition de l’Homme moderne ». Dès les années 50, la philosophe prédit le remplacement croissant de l’homme par des machines.
Alors, que faire dans cette société où le travail humain est remis en cause ? Comment « absorber » les chocs successifs des révolutions industrielle, numérique, digitale ? Que devient le travail dans ce cadre « post-moderne » ?
Hannah Arendt ouvre des pistes de réflexion et d’action : puisque la robotisation nous libère des « boulots » pénibles, profitons-en pour « faire œuvre » : nous réunir, réfléchir, penser à notre bien-être, essayer de devenir « Homme », ce qui constitue un véritable travail !
Ces chocs-là sont absents du débat politique. Mais est-ce aux hommes politiques « de faire cet enseignement-là » ? (sic). C’est peut-être plutôt au monde philosophique d’essayer de créer des ponts avec les différentes sphères évoquées plus haut. Il faudrait retrouver un discours commun. Repenser la question du travail est important, mais l’une des questions-clés est plutôt celle de la relation à l’Autre et à Soi. Sur ce point, les débats manquent.
Le constat d’un repli sur soi et d’un rejet de l’autre n’est plus pensé, alors que ce phénomène est à l’œuvre dans toutes les « sphères », toutes les communautés.
Ulysse et le cyclope…
Pour conclure son intervention, Jean-Jacques Sarfati propose de faire un « détour » (ou un retour…) sur le héros de l’Odyssée, et plus particulièrement sur l’épisode de la rencontre entre Ulysse et le Cyclope, le personnage doté d’un œil sur le front. Ulysse demande à Polyphème de l’accueillir, alors que le cyclope n’a qu’une envie : dévorer Ulysse et ses compagnons. Cela peut rappeler certains faits actuels : nous vivons à l’époque des « fronts » : front national, front républicain, front de gauche… Tout cela pour souligner que nous ne sommes pas à l’époque de la rencontre mais à celle de l’affrontement.
Mais peut-être la philosophie, la réflexion et les actions menées dans le cadre de ces « phil’o boulot » permettront-elles de sortir de cette logique des fronts pour favoriser celle de la rencontre.
Pour en savoir plus sur les publications de Jean-Jacques Sarfati
Intervention de Hervé Nathan, journaliste, rédacteur en chef économie et social à l’hebdomadaire Marianne
Pourquoi les partis politiques sont-ils déconnectés de la question du travail ?
Avant de répondre à cette question, Hervé Nathan propose de faire un « détour » par la philosophie et plus particulièrement par les travaux menés par Karl Marx au 19ème siècle sur la problématique du travail en général et des rapports entre employeurs et employés plus particulièrement
Il découvre que ces rapports sont fondés sur le « rapt » (sic) du fruit du travail par le capital. Il va comprendre et expliquer les mécanismes de création des prix sur le marché du travail et notamment la théorie de la plus-value
D’autres philosophes ont fait eux-mêmes l’expérience de la condition ouvrière pour tenter de comprendre pourquoi les travailleurs acceptaient la souffrance des ouvriers d’usine : ce fut le cas de Simone Weil auteur notamment de « La condition ouvrière » qui décrit les conditions de travail en usine dans les années 30 : accidents du travail, misère… Simone Weil essaye de comprendre quelle est la place de l’humain dans ce rapport de domination absolue de la machine sur le corps au travail, le corps « souffrant ».
Plus récemment, en 1968, Robert Linhart, ancien élève de Normale Sup et docteur d’Etat en sociologie, s’engage dans un mouvement d’extrême-gauche d’inspiration maoïste « la gauche prolétarienne », et fait l’expérience d’un intellectuel employé comme « établi », (O.S. 2) sur la chaîne de montage des 2 CV Citroën. Un livre du même nom retrace cette expérience douloureuse.
Tout au long du 19ème, mais aussi du 20ème siècle, il existe une véritable distance entre la politique, la philosophie et le monde réel du travail. Pour comprendre ce phénomène, il faut sans doute remonter à la révolution française, époque à laquelle les philosophes français ignorent presque tout du rapport réel, intime au travail. Rien n’est dit ou écrit sur les rapports qui lient employeurs et employés. Il est vrai qu’il n’existe pas non plus d’entreprises au sens où nous l’entendons aujourd’hui. A cette époque, les « grosses » entreprises sont les manufactures qui font travailler une myriade de « sous-traitants » (les uns tondent les moutons, les autres cardent et filent la laine, les autres tissent pour aboutir à un produit fini créé dans un cadre pré-capitaliste, pré-industriel. Le rapport qui lie celui qui travaille à celui qui l’emploie est régi par le code civil : c’est le rapport qui lie le maître à son domestique. Le premier « contrat de travail » est le contrat de louage.
Après la révolution et une grande partie du 19ème siècle, le monde politique va vivre loin de la question du travail, voire l’ignorer totalement. La conception selon laquelle le travail relève de « l’intime » perdure et la philosophie comme la politique pensent que l’Etat n’a pas à se mêler de cette question. Au moment des Etats généraux et de la Constituante, deux catégories de personnes n’ont pas pu voter : les femmes et les domestiques, considérés comme des « dépendants » qui ne pouvaient être des citoyens à part entière.
En ce sens, le libéralisme, dans sa version française, peut être vu comme le plus « ultra », comparé à celui d’autres pays d’Europe (Allemagne, Grande-Bretagne…). La France va accumuler un retard considérable dans le domaine des relations sociales. Les lois réglementant le travail des enfants en-dessous de 8 ans dans les mines et les manufactures en France datent de 1841 alors qu’en Grande-Bretagne, ce type de loi avait été voté dès le début des années 1800. En matière de retraite collective, c’est Bismarck qui donne le ton en Prusse en 1889.
En France, l’un des philosophes et économistes qui incarne le mieux ce libéralisme « pur et dur », c’est Jean-Baptiste Say avec sa loi dite de l’offre et de la demande.
Les rendez-vous ratés de la politique et du monde du travail…
Les choses n’avancent guère en matière de travail et de relations sociales au cours de cette période. Car il y a d’autres priorités, tout particulièrement pour « consolider » la république face aux forces réactionnaires : l’Eglise, les partis monarchistes ou bonapartistes. C’est cette lutte qui prend le pas sur les autres problèmes liés à la question du travail.
Face aux raidissements forts dans la société française de cette époque (Affaire Dreyfus, loi de séparation des églises et de l’Etat…), le monde du travail en tant que tel ne trouve aucun « point d’appui » du côté des partis politiques, quels qu’ils soient (de gauche ou de droite), contrairement là encore à ce qui se passe dans un pays comme la Grande-Bretagne où il existe un lien « organique » entre la Confédération des syndicats britanniques (TUC) et le « Labour » (parti travailliste) que le syndicat a contribué à créer…
En France, le rendez-vous entre mouvement ouvrier et partis politiques est manqué dès la création des syndicats. Dès sa naissance, le mouvement syndical est traversé par des courants « contraires » : les anarcho-syndicalistes d’un côté, les « alémanistes » (du nom de Jean Aleman, ouvrier, ancien communard) et les socialistes de l’autre, les « guesdistes » (« tendance » Guesde, Jaurès).
Avec la fondation du Parti communiste français (1920), la CGT, créée en 1895, devient « la courroie de transmission » d’un parti finalement peu tourné vers les questions relatives au travail et plus préoccupé de conquête ou de conservation du pouvoir. La grande grève de Renault en 1947 surprend la CGT elle-même et ne reçoit pas d’emblée l’appui du PCF qui se voit contraint de quitter le gouvernement, ce qui n’était pas prévu au programme…
Le phénomène se reproduira en 1968. La CGT et le PCF (et la CFDT) convoquent une manifestation nationale le 13 mai afin de reprendre la main sur le mouvement étudiant et de marginaliser les gauchistes, ce qui a pour effet de déclencher une grève générale. Surprise du côté des directions de la CGT et du PCF qui se trouvent dépassées par les événements. Lors des élections générales qui suivront mai 68, la droite emporte 70 % des sièges à l’Assemblée nationale. ; le précédent d’une « Assemblée bleu horizon » remontant à 1919…
Il n’y aura donc jamais un grand parti social-démocrate en France à l’image de ceux des pays scandinaves, de Grande-Bretagne, d’Allemagne… Avec toutefois beaucoup de nuances et d’avatars (New Labour de Blair, Lois Harz du gouvernement Schröder)…
Quelles solutions pour résoudre ce fossé entre monde politique et monde du travail ?
En 1974,lors des « Assises du socialisme », l’aile gauche du parti socialiste – le PSU de Michel Rocard – tente un rapprochement avec la direction de la CFDT notamment avec Jacques Chérèque pour créer ce qui ressemblerait à un parti social-démocrate qui serait lié organiquement avec un syndicat. Ce sera un échec et les cédétistes et les rocardiens seront durablement marginalisés par les autres courants du parti socialiste et mis sur la touche par François Mitterrand qui a une vision ultra-politique de la conquête du pouvoir, ce qui ne permettra pas à Michel Rocard de mettre la main sur le PS…
Les lois Auroux
En 1982, le ministre du travail, Jean Auroux fait passer une série de 4 lois qui modifient le code du travail en instaurant une obligation pour l’employeur d’avoir une négociation sociale avec les syndicats de façon régulière. Ces lois ont l’ambition de transformer les relations sociales en France en mettant en place le droit d’expression des salariés, les CHSCT et le droit de retrait. Elles marquent aussi la fin des expériences d’autogestion du type « Lip » qui menaçait « l’ordre établi » en montrant que les ouvriers, passant outre le modèle capitaliste traditionnel, pouvaient eux-mêmes fabriquer, vendre et se payer.
La loi sur les 35 heures (1997 – 1998)
C’est un moment clé dans le rapport entre le monde politique et celui du travail. Il s’agit de redéfinir le temps de travail, le rôle de chacun, de déterminer à quel moment on devient un travailleur subordonné à la volonté patronale. Cette loi laissera un goût amer chez les responsables de gauche qui ont pu avoir le sentiment à la fois d’être allés trop loin sans comprendre vraiment les enjeux d’un dispositif qui les faisait rentrer dans cette « intimité » de la relation entre l’employeur et le salarié. A partir de là, on a constaté deux attitudes : on refuse de remettre sur le tapis cette loi, soit on fait tout ce qui est possible pour la détricoter.
Ces questions ont ressurgi à l’occasion du débat sur la loi travail, dite loi El-Khomri.
Les travailleurs se sont sentis démunis, sans protection de l’Etat, du politique, surtout à un moment des modes de management « néo-libéraux » faisaient irruption tant dans les entreprises que dans les fonctions publiques. Le décalage entre monde politique et monde du travail se creuse un peu plus… Si les cadres ont été les « gagnants » de cette loi sur les 35 heures, en revanche, les salariés les moins qualifiés, les plus faibles ont fait les frais de ce type de dispositif. Et les restructurations, accompagnées de plans sociaux « douloureux », se sont multipliées.
En 2002, Lionel Jospin était éliminé dès le premier tour de l’élection présidentielle…. Des études ont montré que le vote ouvrier s’était détourné de la gauche notamment du fait des effets néfastes de cette loi sur les 35 heures.
L’Etat n’a plus voulu intervenir dans cette problématique, il s’est totalement désengagé à un moment où avait lieu par exemple la privatisation de France-Télécom et le passage à des méthodes de management tournées vers la rentabilité et la profitabilité maximales aux conséquences humaines désastreuses. Les agents ont subi un double choc : technologique dans un environnement concurrentiel « effréné » et un mode de management qui n’a fait l’objet d’aucune opposition du côté politique alors que se multipliaient les cas de suicides. Ce malaise se retrouve désormais dans le secteur hospitalier où les personnels dénoncent le temps passé à de la gestion à la rationalisation des soins, plutôt qu’à soigner les patients. On voit comment le retrait du politique dans ces situations est dommageable.
La question du travail : un « cache-sexe » pour manipulations idéologiques
En 1999, la droite (RPR) redécouvre la valeur travail et identifie bien la perte de confiance d’une partie des classes populaires vis-à-vis de la gauche. Comme mesure symbolique, la droite promet de supprimer l’impôt sur la grande fortune (ISF).
La gauche revient au pouvoir en 2012 et le gouvernement Valls promeut l’idée d’une loi travail emblématique d’un véritable tournant idéologique au sein de la gauche avec notamment l’inversion de la hiérarchie des normes. Le résultat politique de cette loi ? Des « des positions irréconciliables à gauche » selon la formule du Premier ministre…
L’uberisation du travail
Dernier thème abordé par Hervé Nathan : celui de l’économie « collaborative » et de ses conséquences sur le travail. Pour lui, cette forme de rapport au travail est comme un retour au « contrat de louage » évoqué au début de son intervention, ce qui ne constitue pas un « progrès », contrairement à ce qu’en disent Nathalie Kosciusko-Morizet ou Emmanuel Macron qui tous deux se revendiquent de la pensée libérale.
La figure de l’auto-entrepreneur qui s’oppose à celle de l’ « insider » (le salarié en CDI à temps complet) considéré comme un privilégié est une figure de style qui permet de culpabiliser celles et ceux qui ont un travail, alors que le CDI couvre encore plus de 85 % des salariés en France.
C’est un coin qui est mis dans l’édifice péniblement établi des relations sociales pour éviter une trop grande concurrence entre les travailleurs sur le marché du travail et que les entreprises soient tentées de jouer sur les différences de salaires et de conditions de travail et d’horaires pour entrer elles-mêmes en concurrence. L’idée étant de garder une société à peu près viable… C’est cela le consensus issu de la seconde guerre mondiale et qui structure notre vie nationale, mais c’est aussi cela qui est remis en cause aujourd’hui.
Repenser le droit du travail
Pour terminer son intervention, Hervé Nathan cite Alain Supiot, professeur au Collège de France, juriste, dans un article paru dans l’Humanité le 11 mars 2016 : « La révolution permanente des modes d’organisation de production et des techniques prend en défaut les systèmes de protection des travailleurs hérités de l’ordre antérieur, et oblige à les repenser sans cesse. Encore faut-il, dans une perspective progressiste, avoir en tête l’idée d’un monde meilleur et plus juste, que l’on va s’employer à faire advenir démocratiquement. C’est cela qui fait la grandeur et la difficulté de l’action politique, toujours menacée de dégénérer en simple réaction aux signaux venus des marchés ou d’institutions non démocratiques. Pour obéir à leurs injonctions, on détricote le droit du travail au lieu de s’efforcer de le repenser ».
Intervention de Paul Alliès, professeur émérite de Science politique, Doyen honoraire, Faculté de Droit et de Science politique de l’Université de Montpellier.
Le thème traité par Paul Alliès était le suivant :
« Changement social et institutions politiques : le cas de la Vème République
Les « bizarreries » de la démocratie « à la française »…
Les institutions de la France d’aujourd’hui peuvent apparaître comme archaïques. Nous sommes face à des Institutions verticales, hiérarchiques, centralisées, concentrées au sommet (présidentialisme) qui dérogent à tout ce qui existe ailleurs dans le monde démocratique.
Ce constat a son importance car cela a des conséquences sur les rapports entre le politique et le social. Comme le souligne Paul Alliès : « Vous avez adoré le 49.3, vous allez aimer les ordonnances ! ». L’idée d’un dialogue en France entre les sphères du politique et du social reste presque toujours du domaine… de l’idée…
Dans son livre « Pour une république moderne » (1962) Pierre Mendès France avait expliqué les raisons de son opposition à la constitution de la Vème République, pour ses aspects peu démocratiques. Selon lui, « la question démocratique est partie totalement intégrante de la question sociale » (sic) et il est nécessaire de traiter les deux de manière simultanée. Au regard de l’actualité, ce propos garde toute sa pertinence.
Au-delà de la question « droite-gauche » comment s’inspirer d’autres systèmes démocratiques qui fonctionnent de par le monde et imaginer une amélioration fonctionnelle de nos institutions ? Cette question ne relève pas d’experts mais d’une volonté qui fait défaut à nos responsables politiques, gauche et droite confondues. Aucune réforme d’ampleur n’a vu le jour depuis 1958 et on peut en mesurer les dégâts, malgré les « sursauts » sociaux tels que ceux que nous venons de vivre à l’occasion de la loi travail. La question institutionnelle ne produit pas que des effets politiques, mais aussi sociaux.Or, partout ailleurs dans le monde démocratique, ce lien entre le politique et le social est largement répandu.
Dans un rapport de 2014, le think tank américain Peterson Institute pointait les bons résultats économiques de la France, mais dans le même temps, il mettait en exergue l’obsolescence du système politique français et recommandait que notre pays abandonne son système présidentiel et promeuve un chef du gouvernement élu à la majorité parlementaire.
Cette idée n’a trouvé aucun écho auprès des politiques, et jusqu’à présent, ce genre de réflexion reste lettre morte auprès des candidats à la présidentielle…
Les institutions ne sont pas robotisables…Mais…
Elles font chaque jour un peu plus la démonstration de leur impuissance. Elles se sont vidées de leur sens et ce sont les élites patronales qui dictent leur volonté aux élites politiques Du coup, les partis politiques, qui étaient des « courtiers » entre la population et la politique, ont perdu cette fonction et sont devenus des agences semi-gouvernementales et qui relaient les positions et les décisions des gouvernements successifs auprès de leurs adhérents.
Les institutions ne sont certes pas « robotisables », mais posons-nous la question de savoir si elles ne sont pas « robotisées » par les élites politiques qui impriment leurs méthodes, par exemple au travers de la « gouvernance », terme abhorré par Paul Alliès, parce qu’il renvoie au monde de l’entreprise, à la « corporate governance » dont le modèle a été projeté sur les administrations publiques. Faisons attention à ne pas confondre gouvernance (autrement dit des méthodes de gestion) et gouvernement de la société (qui est d’une tout autre dimension) !
Le changement social
Ce changement, face à l’immutabilité des institutions, pose un vrai problème. Imperturbable, La France continue à cultiver sa différence. Et du côté de l’opinion, l’abstention gagne, tout aussi imperturbablement, du terrain. 74 % des personnes interrogées en France par Eurostat considèrent que les institutions ne sont pas représentatives et qu’elles ne sont pas satisfaisantes. Ce type de sondage illustre le phénomène de rejet massif de l’opinion vis-à-vis du personnel politique et des institutions. En 1993, le taux d’abstention aux législatives était de 32,5 % et de 47,7 % en 2014. Ceci place la France loin devant les taux d’abstention constatés dans d’autres pays européens tels que la Grande Bretagne, l’Allemagne ou l’Italie. Et le système politique ne manifeste aucune inquiétude face à de tels « signaux » qui lui sont pourtant directement adressés. Ne rien changer semble être le mot d’ordre général du côté des candidats à l’élection présidentielle qui paraissent s’accommoder parfaitement des institutions telles qu’elles sont.
Les raisons de la différence française
Le régime politique français « sort du lot » (sic) : le régime « présidentialiste » de la Vème République n’existe nulle part ailleurs. Pour éviter toute confusion, il peut être utile de rappeler que le régime politique américain est un régime présidentiel doté au sommet de réels contre-pouvoirs (Cour suprême, Congrès, Etat fédéral avec une vraie séparation des pouvoirs), d’où les grandes difficultés rencontrées par Obama pour faire passer « l’Obamacare » destiné à protéger les 47 millions d’américains dépourvus de toute couverture sociale.
En Europe, les systèmes politiques sont de type « primo-ministériel » ce qui permet une « respiration démocratique ». C’est le Premier ministre qui exerce le pouvoir exécutif. Ceci induit la notion de responsabilité de la part des gouvernants, l’une des vertus cardinales mentionnées par Aristote dans « La Politique ».
Dans un système « présidentialiste », le Président « gouverne » : il choisit le Premier ministre et les ministres, les révoque comme et quand il veut. La politique étrangère, le nucléaire, l’engagement des armées relèvent de sa seule décision. Le Président peut dissoudre l’Assemblée quand il veut, il est le garant de l’autorité judiciaire… Jamais la responsabilité politique du Président ne peut être remise en cause.
13 pays européens élisent leur Président au suffrage universel direct, mais aucun de ces Présidents n’a des pouvoirs équivalents à leur « collègue » français. Sortant tous deux d’une dictature, le Portugal et la Pologne ont d’abord « copié » la constitution française avant de réviser la leur et d’adopter un régime « primo-ministériel ».
On peut alors légitimement se poser une question : les français auraient-ils un penchant avéré pour le bonapartisme ? Il semble bien qu’il s’agisse d’une culture politique propre à notre pays qui touchent de nombreuses sphères : le social, l’histoire, la mémoire.
En France, le retour à un régime parlementaire (et non à un régime « parlementariste » du type IVème République) n’est pas vu comme un progrès, mais comme une régression.
Les conventions de constitution
Il y a la constitution écrite, mais il y a l’interprétation, la « traduction » qu’en fait le politique, les « libertés » prises avec le texte en fonction des situations du moment (rapports de force, affrontements culturels, politiques…).
Le Président peut également recourir au référendum, instrument qui peut être mis au service d’un pouvoir autoritaire et/ou apparaître comme « une illusion démocratique »… Et les présidents qui se sont succédé à l’Elysée, toutes tendances politiques confondues, n’ont pas hésité à utiliser cet outil.
Et puis, finalement, le Président peut changer de cap sur sa politique sans avoir besoin de rendre des comptes (exemples : le tournant de la « rigueur » en 83 avec Mitterrand, l’élection de Chirac en 95 sur le thème de la « fracture sociale », un projet qui n’a jamais été mis en place…). Sans consulter qui que ce soit, le même Président Chirac décidera de dissoudre l’Assemblée nationale. Un référendum organisé pour le passage du septennat au quinquennat donnera un résultat positif, ce qui ne sera pas le cas de celui organisé en 2005 pour l’adoption du Traité constitutionnel européen. Pour autant ce résultat n’entraînera pas la démission de Jacques Chirac.
Le mépris des engagements
Paul Alliès rappelle certains faits marquants liés au programme du candidat Hollande. Dans son discours du Bourget, François Hollande avait clairement identifié son adversaire : la finance. Il avait indiqué également qu’il consulterait les français en vue d’une renégociation du TSCG (Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance).
Or que s’est-il passé depuis son élection à la Présidence de la République ? Rien ! Non seulement ces engagements n’ont pas été tenus, mais en plus, les politiques économiques et sociales ont pris les orientations que l’on sait…
La troisième révolution industrielle
L’archaïsme des institutions et du système politique éclate au grand jour face aux mutations profondes de la société : l’internet, les réseaux sociaux permettent de développer une réelle interactivité, et ce quelles que soient les classes sociales ou les générations. Du coup, ces citoyens « connectés » sont parfois plus informés que leurs députés.
Tout bouge… Sauf le système politique !
Et le décalage entre le « personnel » politique qui le plus souvent n’a jamais exercé de vrais métiers et les citoyens ne fait que s’aggraver…
En 2002, lors de la campagne pour l’élection présidentielle, Arnaud Montebourg, conscient de la crise sociale et globale que nous connaissons, avait présenté son projet pour le passage à la VIème République.
Appeler de ses vœux la VIème République est insuffisant. Il faut s’interroger sur son contenu et notamment réfléchir au passage du système « présidentialiste » au système « primo-ministériel » qui nous ferait rejoindre l’ensemble des démocraties européennes.
Et même si l’on ne passe pas de la Vème à la VIème République, il est possible d’« améliorer » le régime actuel en procédant à un « toilettage » et en recourant entre autres à cet outil que sont les « conventions de constitution ». Cela nécessite toutefois un vrai courage politique.
Concluant son intervention, Paul Alliès revient sur son idée première en remettant ses pas dans ceux de Pierre Mendès France et en rappelant ses propositions pour construire une « République moderne ». En février 2017 sera publié son livre « le rêve d’autre chose, changer la République ou changer de République » aux éditions Don Quichotte.