Petit déjeuner du 09 mars 2022
avec Pierre Winicki, Président de Trustinside
Alors que les mots « confiance » et « méfiance » sont utilisés partout, de quoi est-il vraiment question dans la vie professionnelle et en société ? Y -a-t-il des comportements, des attitudes, des pratiques qui créent et consolident la confiance ? Et si oui, est-il possible de les mettre en évidence et les renforcer ?
Pierre Winicki est un interlocuteur clé sur ces questions.
Il est en effet fondateur du Think-tank Institut Confiances (2012), président de TrustInside (depuis 2016), consultant et enseignant en management public et il nous a présenté son modèle « L’Arbre de confiance ».
Il est aussi auteur du livre (épuisé) « Réussir une réforme publique : surmonter ces peurs et croyances qui bloquent le changement » (Dunod, 2007) dont voici l’extrait qu’il a partagé avec Galilée.sp.
« Dans les mois qui ont précédé les élections présidentielles de 2007, les responsables politiques ont multiplié les propositions dans le cadre de la campagne électorale. Ces propositions, quelle que soit l’opinion qu’on puisse en avoir, visent à répondre à un problème de fond, le manque de confiance croissant des citoyens vis-à-vis de la classe politique française. De manière paradoxale, c’est en Ukraine, à l’occasion d’une formation de hauts-fonctionnaires et de cadres de l’administration ukrainienne, qu’il m’a été donné récemment d’animer, qu’un étudiant a exprimé une idée que j’aurais souhaité voir plus souvent formuler en France car elle me semble au cœur des enjeux. À ma question : Quels sont les principaux enjeux de changement, pour vous, fonctionnaires ukrainiens ? Ces étudiants ont répondu : « L’un de nos principaux enjeux, en tant que fonctionnaires, consiste à redonner aux citoyens confiance en leurs responsables politiques et en leur administration. » C’était à Kharkiv, ville actuellement sous les bombes ! |
3 ans d’études et de R&D sur la confiance
En 2007, la prise de conscience de Pierre Winicki de cet enjeu majeur de la confiance dans le fonctionnement des administrations publiques l’a amené à partager avec des gens d’horizons très nombreux (universitaires, syndicalistes, chefs d’entreprises, journalistes, cadres, etc…) pour comprendre de quoi est faite la confiance.
3 ans de R&D ont suivi et la création en 2012 d’un think-tank « L’INSTITUT CONFIANCES » :
« Contribuer, collectivement, à restaurer la confiance entre politiques, administrations, acteurs économiques et financiers, scientifiques, syndicats, médias et citoyens « , telle était sa mission.
Sa gouvernance reflète l’importance des enjeux portés par le think-tank et la hauteur de vue de ses fondateurs :
Président d’honneur : Pr. Emile Poulat (1920-2014), sociologue et historien des religions, Directeur d’études honoraire à l’EHESS
Vice-Présidents d’honneur :
– Pr. François Gros, Professeur honoraire au Collège de France et à l’Institut Pasteur, co-découvreur de l’ARN Messager
– Cédric Villani, mathématicien (médaille Fields 2010), député de l’Essonne
Puis TRUSTINSIDE « Mesurer et renforcer la confiance » a été créé par Pierre Winicki et John Crowley pour mettre à disposition le résultat de ces travaux.
En 2022, comment stimuler et renforcer la confiance ?
- Les composantes de la confiance et les comportements/attitudes/pratiques qui favorisent les relations de confiance sont aujourd’hui mieux compris.
- Une METHODE est disponible : l’ARBRE DE CONFIANCE, le BATROMETRE DE CONFIANCE et un ACCOMPAGNEMENT pour DEVELOPPER LA CONFIANCE
L’Arbre de confiance
Son feuillage est composé des 7 principaux facteurs constitutifs de la confiance
Ses racines illustrent ce qui est sous-jacent, invisible, voire inconscient
et qui influence les facteurs de la confiance.
Le baromètre de la confiance
Pierre Winicki l’a fait vivre aux participants du petit-déjeuner de Galilée.sp : celles et ceux qui étaient autour de la table et celles et ceux qui étaient en visio-conférence.
Ce BAROMETRE nous a permis de « mesurer la confiance par rapport aux 7 habitus de l’Arbre de confiance ».
Chacun de nous a eu sa mesure personnelle et notre groupe a eu sa « photo » consolidée ; l’intérêt était évident et la méthode nous a paru simple, agréable et éclairante sur une dimension – la confiance – que chacun de nous percevait mais sans toutefois pouvoir l’objectiver.
Du diagnostic à l’utopie
Conforter la confiance démocratique et citoyenne avec des administrations publiques manageant en confiance, est-ce une utopie ?
Pour les pessimistes et les conservateurs, sans doute !
Pour Galilée.sp, c’est, bien au contraire, une évolution utile qui devient possible car une méthode robuste est disponible et ouvre – de fait – sur de nombreux nouveaux possibles.
Pierre Winicki a partagé ses expériences de terrain quand il accompagne une grande agglomération française, des entreprises industrielles, des administrations publiques en Afrique dans le cadre de programmes soutenus par la Banque Mondiale ou l’OCDE.
Le premier Club territorial de confiance de France a été créé, en Bretagne, avec le soutien du Club de Rome.
Il mobilise l’ensemble de partenaires qui font la vie du territoire : réseaux d’entreprises, administrations publiques (collectivités, hôpitaux, universités…), collectivités publiques, associations culturelles, sociales et sportives.
Les membres fondateurs ont identifié des enjeux de confiance/défiance justifiants des projets concrets de territoire :
- Transition écologique (artificialisation des sols, acceptabilité des innovations techniques…)
- Démocratie locale et engagement citoyen (dont la place des médias et des réseaux sociaux)
- Relations police-justice-citoyens
- Relations commerciales (grande distribution-commerçants-producteurs-agriculteurs…)
- Emploi et formation professionnelle
- Climat scolaire (relations enseignants-parents-enfants-évolution des pratiques pédagogiques)
- Accès à la santé (relations ARS/hôpitaux/CPAM/médecine libérale/patients, familles…)
La CORESPONSABILITÉ avec la confiance
La coresponsabilité, c’est être conscient des conséquences de mes actes sur les autres et réciproquement.
La coresponsabilité ce n’est pas qu’un concept ! Avec une méthode qui stimule et renforce la confiance, cela devient possible.
Inscrire la coresponsabilité dans nos sociétés humaines qui ont à agir en urgence face au changement climatique… Cela paraît une excellente voie ! C’est l’inverse de la technique de la « patate chaude » !
Alors…Coresponsabilité ou patate chaude ?
Pierre Winicki et Galilée.sp ont choisi !
Et vous ?
Catherine Gras
Présidente du Conseil d’orientation
Galilée.sp