Comment s’envisager dans la société d’aujourd’hui ? Quel rôle je joue ? Quelle place je tiens ?
M’envisager comme consommateur de ce que notre époque offre de meilleur ? Ou comme contributeur à une vie meilleure en société ?
Ces questions vous les êtes-vous déjà posées ? ou pas du tout ?
Je me les suis formulées quand j’ai constaté que moins d’un français sur deux avait voté aux élections législatives de juin.
Comme je suis attentive à la vitalité de notre République, j’ai été choquée à plus d’un titre par la faible participation. Mais, qu’est-ce qui m’a choquée ?
Les politologues (professeurs, journalistes, think tank etc) ont largement commenté les taux d’abstention et de participation. On a pu entendre des choses comme : la campagne électorale n’a pas été suffisamment intéressante, les français sont lassés de la politique et n’y croient plus, les français sont fatigués par deux années de COVID, les législatives c’est moins intéressant que les présidentielles … C’est la faute à X, Y, Z. Et même la météo, selon qu’il pleut ce jour-là ou qu’il fait grand soleil, est commentée car peut avoir un impact.
Je ne vais pas commenter les commentateurs.
- Le principe d’abord. En effet, il y a tant d’hommes et de femmes dans le monde qui n’ont, à aucun moment, leur mot à dire sur les décisions qui s’imposent à eux ! Le droit de vote, ils l’aimeraient mais ils en sont privés et les régimes autoritaires non démocratiques les assujettissent souvent depuis plusieurs générations et encore pour longtemps !
- La qualité ensuite. Certes notre démocratie française n’est pas parfaite mais elle est encadrée par un droit constitutionnel. Les pouvoirs sont équilibrés entre trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) au niveau national et local.
- La transparence enfin. Les votes des citoyens s’expriment dans des urnes transparentes après choix derrière le rideau d’un isoloir. Puis les bulletins sont comptés le soir même par des citoyens volontaires. Ils sont comptés et recomptés. S’il y a le moindre doute, des voies de recours existent devant des tribunaux qui jugent dans des délais brefs. Pour les élections présidentielles et les referendums, les résultats deviennent officiels quand le conseil constitutionnel s’est assuré que tout ce processus – qui va de l’expression de mon/ de votre choix personnel jusqu’au choix collectif des votants – a bien été régulier.
En revanche, je me demande ce qui, dans nos vies quotidiennes, nous entraîne à participer.
Participer ou donner notre avis ?
Qui nous demande notre avis ? Quand ? Sur quoi ? Comment en est-il tenu compte ? Comment sait-on /ou pas que notre avis a été utile ? A l’inverse, quand et comment prend-on l’initiative de donner notre avis ?
Je constate que beaucoup d’entreprises qui fabriquent des produits ou « offrent » des services ont des procédures qui demandent l’avis de leurs clients sur … la propreté des toilettes (les stations-service sur les autoroutes vous sollicitent par des boutons-smiley rouge/vert/orange posés à proximité des lavabos), sur la qualité d’accueil (en tant que client d’une banque par exemple, vous recevez par mail un questionnaire que vous êtes invités à remplir), sur la qualité d’une formation (à la fin d’un stage de formation professionnelle, on vous propose de répondre à quelques questions et notamment sur la qualité de l’intervenant, sa disponibilité, ses interactions avec le groupe etc).
Dans ce type de situation, on sollicite notre avis, on vient vers nous et… libre à nous de répondre ou pas. Dans ce type de situations, ce n’est pas nous qui prenons l’initiative.
Mais nous pouvons aussi être à l’initiative. C’est le plus souvent pour nous plaindre d’une piètre qualité, d’un service payé mais non obtenu… Et là, sauf à ce qu’une procédure soit explicitement prévue dans un contrat, il n’est pas si facile d’obtenir satisfaction ! Il faut savoir à qui s’adresser, dans quels délais …
Quand et où nous arrive-t-il de prendre l’initiative de … féliciter, remercier, proposer, réaliser, tester ?
Où prenons-nous, où prenez-vous le plus facilement des initiatives ? Dans votre vie personnelle ? Dans votre vie familiale ? Dans votre vie professionnelle ? Dans votre vie de citoyen ? Dans votre vie de consommateur ? A l’école ?
Et dans notre rapport aux services publics ? Comment est-ce que nous nous comportons ? Moi ? Vous ? Nous ensemble, en tant que groupe d’individus ou d’individus isolés ?
Déclinons ces questions sur quelques grands services publics …
L’impôt :
- En tant que consommateur, je peux chercher à payer le moins d’impôt possible, à ruser pour baisser la somme à payer quitte à ne pas être très regardant sur la méthode (la frontière est parfois ténue, poreuse entre « l’optimisation fiscale » et la fraude fiscale …). On entend même parfois « la fraude fiscale est le sport national ».
- En tant que contributeur, je vais payer l’impôt en étant attentif au bon fonctionnement des services publics que l’impôt sert à financer (l’enseignement, la justice, la voirie publique, les bibliothèques et médiathèques municipales …), en étant attentif à leur coût, en ayant un avis sur la façon dont ceux-ci sont organisés et sont en phase/ou non avec les besoins prioritaires des français (les particuliers, les entreprises, les artistes…). Ces éléments éclaireront mon vote car… je voterai !
La santé :
- En tant que consommateur, je vais chercher à être rassuré le week-end pour un bobo car cela m’évitera de prendre rendez-vous avant une consultation chez un médecin généraliste de ville. Les urgences ouvertes 24h sur 24, c’est tellement plus pratique …
- En tant que contributeur, je suis attentif à la prévention de ma santé et de celle de mon entourage. J’évite les conduites à risque et j’adopte une hygiène de vie ; j’ai un médecin traitant et j’ai une approche globale de la santé.
L’éducation :
- En tant que consommateur, j’attends des enseignants un service et, en tant que parent de mes enfants, je demande au professeur de me rendre des comptes quand ma progéniture a une note sous la moyenne ou un comportement jugé inapproprié en classe.
- En tant que contributeur, je participe au suivi scolaire de mes enfants, j’entre en contact avec l’enseignant pour faire le point sur les apprentissages et comportements de mes enfants, je m’implique en participant aux sorties scolaires, je fais équipe avec …
Bref, ce n’est pas parce que j’ai des DROITS que je me comporte comme un PETIT TYRAN vis-à-vis des agents publics ou comme un ENFANT qui trépigne parce que je n’obtiens pas gain de cause immédiatement.
Comment nos élus nationaux se comportent-ils ? Que voyons-nous d’eux après les avoir élus ? En quoi peuvent-ils nous inspirer ?
Lors du Billet d’humeur de mai 2022, j’écrivais :
« La reconfiguration des partis politiques et des alliances républicaines va avoir le temps de se faire d’ici les élections législatives. Nous le souhaitons car il y a urgence. Mais cela ne suffira pas car il ne faut pas seulement que les futurs élus nationaux soient « représentatifs » dans les couloirs de nos deux assemblées parlementaires ; il faut surtout qu’ils changent de posture en s’engageant à travailler ensemble et autrement pour être vraiment au contact des citoyens, de leurs besoins et prendre à bras le corps les 5 grands enjeux collectifs qui sont Ecologiques, Européens, Sanitaires, Sociaux et de Vie démocratique (cités par ordre alphabétique). Il faut donc une nouvelle méthode ! Et il faut des services publics forts ! En effet, face aux crises qui s’accumulent, les citoyens ont montré leurs besoins de services publics (déserts médicaux et ruraux, zones de non-droit etc). » |
Que verrons-nous d’ici mai 2023 ?
- Des élus nationaux consommateurs de leur élection, restant figés sur leurs programmes initiaux et devenant ainsi inaptes à contribuer collectivement à des politiques publiques d’intérêt général ?
- Ou des élus nationaux contributeurs qui prendront le risque de sortir de leurs zones de confort pour travailler ensemble et aider les citoyens à régler les problèmes auxquels ils sont confrontés ?
Que verrons-nous d’ici mai 2023 ?
- Du pragmatisme, des choix des moins mauvaises voies possibles, de la concertation, de l’ouverture à l’autre, de la fraternité républicaine ?
- Ou de l’idéologie, du conservatisme, de la posture et des effets de manche, de la tactique électoraliste ?
En guise de conclusion
Être consommateur, c’est, quand j’ai les moyens de payer, faire un choix entre plusieurs produits proposés par quelqu’un d’autre.
Être contributeur c’est prendre une initiative !
La République a vocation à nous permettre d’être à l’initiative de nos vies personnelles et de notre vie en société et en fraternité.
Galilée.sp est contributeur ! Galilée.sp est à l’initiative d’idées et de méthodes qui favorisent la culture et l’esprit … d’initiative. Nous pratiquons la philosophie politique, les L.I.I. (Laboratoires Incubateurs d’Idées) et le coaching.
Et voici l’orientation de nos travaux pour les 3 prochaines années :
Ce qui pose problème est la perte de sens, la bureaucratisation des activités. Comment donc revenir du système (« new public management ») mis en place dans les années 2000 conçu pour de grandes sociétés privées qui n’ont rien à voir avec le service public, système qui n’a jamais été remis en cause par les différents gouvernements ? Comment rétablir l’équilibre dans une société déstabilisée et fracturée ? Comment remettre sur pied un « service au public » heureux ? Trois chantiers ont été délimités : – Replacer la fonction et le service publics sous le prisme des valeurs universalistes des droits (valeurs républicaines) – Rétablir la confiance en la rendant plus opérationnelle – Mener une réflexion institutionnelle pour que la démocratie puisse être moins fracturée |
Catherine Gras
Alias Lucie des Monts
Présidente du Conseil d’orientation de Galilée.sp