Un article de Myriem Mazodier, Administratrice de l’Association des Anciens Elèves de l’Ena (AAEENA), membre du comité de rédaction de la Revue « hors les murs », et membre du Conseil d’administration de Galilée
Alors qu’en Italie, en Espagne, en Belgique, au Royaume- Uni, et bien sûr en France, la pénurie de gel, de masques, de tests fait l’objet de vives récriminations sur l’incurie des gouvernements, des politiques, des fonctionnaires, voire de menaces de plaintes au pénal, les Suédois semblent ne pas tenir rigueur à leurs autorités de n’avoir pas prévu la pandémie et être relativement unis sur la conduite préconisée par leurs autorités sanitaires et leurs épidémiologistes.
Le 22 mars, quand la Suède n’a encore que 1763 cas répertoriés Covid-19 et 20 morts, le Premier ministre, Stefan Löfven, annonce que chaque individu doit se préparer à la crise qui arrive, prendre ses responsabilités pour soi-même, ses proches et la société. Il indique que les prochains mois seront éprouvants mais qu’à terme la société suédoise sera plus forte. On peut s’attendre à 100 000 contaminés symptomatiques, 17 000 hospitalisés, 5 000 en soins intensifs. Le tableau dressé n’est pas plaisant. Et pourtant peu remettent en cause la non-fermeture des activités.
Les faits : une double singularité dans le traitement de l’épidémie… mais des résultats qui ne pourront être évalués qu’à l’automne
Depuis la mi-mars, je suis fascinée par le traitement de l’épidémie du coronavirus par la Suède. Ayant la chance d’y compter plusieurs amis, je vous livre ici leurs réflexions et les miennes. Il ne s’agit pas de vouloir faire de la Suède un exemple, mais seulement de mieux comprendre à travers la singularité de sa politique certaines questions que peu de Français se posent.
La Suède a choisi de ne pas restreindre la plupart de ses activités et de ne pas contraindre la population au confinement
Les images des Suédois faisant début avril du ski, de la randonnée ou allant au restaurant ont été très relayées par les médias qui les ont comparées aux images du même type prises début mars dans d’autres pays et ont parié que lorsque les morts surviendraient, la Suède confinerait. Or fin avril, les crèches, les écoles, les parcs, les restaurants, les salons de coiffure, les salles de sports sont toujours ouverts malgré un chiffre approchant les 2.500 morts ce qui est beaucoup pour un pays de 10.200.000 habitants.
Les seules mesures contraignantes prises par le Gouvernement ont été de limiter le 12 mars à 500 puis le 27 mars à 50 le nombre de personnes pouvant être réunies ensemble lors d’événements publics, de fermer le 18 mars lycées et universités et d’interdire le 1er avril l’accès des maisons de retraite aux familles. S’y ajoutent des recommandations générales d’hygiène, de gestes barrières et de distanciation sociale (2 mètres sont ici préconisés) ainsi que d’isolation en cas de suspicion de maladie ou d’âge dépassant 70 ans. Le port du masque réservé aux soignants n’est pas recommandé à la population.
À noter que le Gouvernement a fait adopter, non sans débat, par le Parlement une loi le 16 avril qui lui donne pendant une période limitée des pouvoirs exceptionnels pour prendre des décisions rapides (type fermeture générale des écoles ou des restaurants, interdiction de rassemblements privés) s’il le jugeait indispensable. Le Parlement garde un droit de véto à posteriori. À la date où j’écris cet article, cette loi n’a pas été utilisée.
Un consensus insolite sur la stratégie suivie
Encore plus étonnante que la décision de ne pas fermer restaurants ou entreprises est l’adhésion de la population aux mesures prises (ou plutôt à leur absence).
Alors qu’en Italie, en Espagne, en Belgique, au Royaume-Uni, et bien sûr en France, la pénurie de gel, de masques, de tests fait l’objet de vives récriminations sur l’incurie des gouvernements, des politiques, des fonctionnaires, voire de menaces de plaintes au pénal, les Suédois semblent ne pas tenir rigueur à leurs autorités de n’avoir pas prévu la pandémie et être relativement unis sur la conduite préconisée par leurs autorités sanitaires et leurs épidémiologistes.
Le 22 mars lorsque la Suède n’a encore que 1763 cas répertoriés Covid-19 et 20 morts, le Premier ministre, Stefan Löfven, annonce que chaque individu doit se préparer à la crise qui arrive, prendre ses responsabilités pour soi-même, ses proches et la société. Il indique que les prochains mois seront éprouvants mais qu’à terme la société suédoise en sortira plus forte. On peut s’attendre à 100 000 contaminés symptomatiques, 17 000 hospitalisés, 5 000 en soins intensifs. Le tableau dressé n’est pas plaisant. Et pourtant peu remettent en cause le maintien des activités.
Certes, il y a des adeptes du confinement contraint. Ils se rencontrent chez les soignants hospitaliers et plus récemment dans certaines associations humanitaires, en raison du pourcentage de décès dans les populations récemment immigrées en Suède effectivement très fort. Le 31 mars, une lettre ouverte rassemblant plus de 2.000 signatures de médecins demande au Gouvernement de confiner. Le 9 avril, l’OMS s’inquiète officiellement et le 14 avril, 22 chercheurs suédois affirment dans une tribune du plus grand journal du pays que la gestion de la crise est désastreuse et qu’il convient de fermer les restaurants et d’imposer le confinement.
Mais les partis politiques, les collectivités locales et la population adhèrent à la politique suivie, et notamment au fait que les jeunes enfants puissent continuer à aller à l’école. Ils sont soucieux des conséquences psychologiques et économiques d’un arrêt des activités et refusent surtout toute contrainte policière « à la chinoise ». Tout ne peut être interdit et réglementé : mieux vaut mourir debout que vivre à genoux.
Prenons l’exemple de la célèbre Greta Thunberg qui a indiqué le 25 mars avoir été touchée par le virus mais se préoccuper surtout de son père plus vulnérable. Elle rappelle que le combat de sa génération, ce n’est pas le Corona mais le climat.
L’épidémiologiste en chef Anders Tegnell qui promeut la stratégie suédoise a plus de 100 000 fans sur les réseaux sociaux ; certains ont son portrait sur leur T-shirt, l’un d’eux s’est même fait tatouer son visage sur son corps.
1.3 Des résultats encore provisoires, moins catastrophiques que prédits au niveau sanitaire mais moins bons qu’espérés au niveau économique
Avec le 29 avril, un chiffre de 2.462 morts (dont 1583 avaient plus de 80 ans), la Suède se situe au niveau mondial en 9e position en taux de mortalité pour 100 000 habitants, indicateur qui devrait être le plus pertinent pour comparer les pays. Ce taux de mortalité (24,18) est très nettement supérieur à ceux des pays nordiques ayant eux opté pour le confinement : 3 fois supérieur à celui du Danemark, 6 fois supérieur à ceux de la Norvège et de la Finlande, 8 fois supérieur à celui de l’Islande. Même si les chiffres fournis ne sont pas toujours comparables, la Suède intègre, comme la France, les morts des maisons de retraite tandis que certains de ses voisins ne fourniraient que ceux des décès hospitaliers. Il est clair que ces pays confinés ont fin avril de meilleurs résultats.
La Suède observe cependant que son taux de mortalité est plus bas que celui d’autres pays européens ayant opté pour le confinement, qu’elle a atteint le pic de l’épidémie à la mi-avril et que le plateau actuel est certes haut mais très inférieur aux prévisions catastrophistes de l’épidémiologiste anglais Neil Ferguson de l’Imperial College de Londres qui annonçait sans confinement 20 000 morts en Suède (et 300 000 au Royaume-Uni). Selon les épidémiologistes suédois, Anders Tegnell et Johan Giesecke, l’aplatissement des courbes n’est pas dû au confinement, mais au décès rapide, dans tous les pays des plus vulnérables (90% des morts suédois ont plus de 70 ans). Ceux-ci décédés, la mort ne frappe plus avec la même efficacité. En Suède, la moitié des décès a ainsi été constatée dans des maisons de retraite. Et une des premières leçons tirées est qu’il faudra dans l’avenir restreindre la taille de ces maisons et développer encore davantage l’aide à domicile.
À la date du 29 avril, personne ne songe en Suède à fermer des activités sauf manquement aux règles de distanciation. Une grande chaîne de salles de sports qui avait fermé le 12 mars a rouvert le 25 mars. Les entreprises industrielles qui avaient interrompu leur production commencent à rouvrir (Volvo l’a fait le 15 avril) et comme le disent ironiquement les journaux suédois, ce sont les autres pays qui sont confrontés aux affres du déconfinement et à la façon d’ouvrir à nouveau les écoles. Les Suédois pensent qu’une seconde vague d’épidémie est prévisible, mais que le temps passé au grand air est le meilleur moyen de lutter contre une maladie respiratoire. « La lutte contre le virus relève plus du marathon que du sprint », a indiqué la vice-Première ministre, Isabella Lövin.
Leurs épidémiologistes estiment aussi que grâce au non-confinement, la moitié de la population a déjà été en contact avec le virus et a pu développer des anticorps. Seuls des tests pourront le prouver mais malheureusement des tests fiables ne sont pas encore disponibles. (Les tests actuels montrent que 20% de la population ont été contaminés, ce qui est loin des 50% annoncés.)
C’est seulement à l’automne qu’il sera possible de comparer avantages et inconvénients du confinement aussi bien au niveau santé qu’au niveau économique. La ministre suédoise des Finances, Magdalena Andersson, craint que le taux de chômage ne passe de 7,2% en début d’année à 13,5% et que le PIB du pays chute de 4%, ce qui diminuera, entre autres, la capacité d’investir dans les dépenses sanitaires et sociales. D’autres économistes sont plus pessimistes et prévoient une baisse de 6,8%, à peine inférieure à celle de pays ayant confiné. Car l’ouverture des restaurants et commerces n’a pas empêché une chute brutale de leur fréquentation à laquelle s’ajoutent des pans entiers d’activité comme les transports aériens, le tourisme… à l’arrêt. Mais la Suède espère que sa stratégie lui permettra d’avoir des résultats économiques meilleurs que ses voisins grâce à un redémarrage plus rapide et table en parallèle sur une absence de seconde vague épidémique.
Espoir n’est pas certitude. Pourquoi donc sacrifier le présent à un futur qui reste hypothétique ? Deux tentatives d’explication de la singularité suédoise
Des facteurs culturels, géographiques et historiques
Je ne citerai que quelques-uns de ces facteurs spécifiques à la Suède. Pour qui connaît par exemple l’hiver suédois, le confinement quand le soleil arrive est peu imaginable. Les mairies l’ont bien compris puisqu’à Stockholm par exemple où les terrasses de café ouvrent traditionnellement le 1er avril, une autorisation exceptionnelle a été donnée, compte tenu de la météo, de les ouvrir cette année dès le 21 mars en respectant bien sûr une distance de 2 mètres entre les tables. De même, la Suède a gardé une mémoire nette des dégâts occasionnés par la seconde vague de la grippe de 1919 qui, contrairement à la première, a été très meurtrière. En France, les guerres ont effacé le souvenir de ce drame. Enfin, la faible densité du pays et les codes sociaux de ses habitants provoquent des distanciations sociales bien utiles en cas d’épidémie ; 52% des Suédois vivent seuls ; aucun Suédois ne penserait malade aller au restaurant, dîner chez des amis, se rendre à son travail. Des comportements qui seraient considérés comme inciviques, quasiment criminels. Inutile de mettre un masque quand on s’isole volontairement. A contrario, les immigrés qui ont gardé leur culture d’origine (cohabitation des générations, contacts manuels…) ont été les premières victimes de l’épidémie. Ils constituent 40% des cas recensés.
Une politique de la santé tournée vers la prévention et menée par une coalition experts/régions
La Suède a relativement peu investi dans les hôpitaux. Avant que la crise ne débute, l’Allemagne a 8 lits pour 1000 habitants, la France 6 et la Suède seulement 2,2, alors qu’elle consacre comme l’Allemagne 11% de son PIB à la santé. Le système suédois de santé n’est, en effet, pas hospitalo-centré. On ne peut se rendre à l’hôpital qu’envoyé par son médecin ou transporté par une ambulance. Les séjours y sont courts et l’hospitalisation à domicile très fréquente.
A contrario, la médecine de prévention est développée, le maintien des personnes âgées à domicile favorisé, les auxiliaires de vie valorisées. La télémédecine est usuelle et le système de santé très digitalisé. Le message général est que chacun est acteur de sa santé. Il y a très peu d’obèses en Suède, l’espérance de vie est de 82,7 ans et à 65 ans, 68% des Suédois sont en bonne santé (40% des Français).
Dans ce contexte, il n’y a pas, hormis de la part des hospitaliers bien sûr, de demande de moyens nouveaux pour les hôpitaux. Des lits supplémentaires ont été ouverts sans difficulté majeure (à Stockholm principalement) aboutissant à un doublement des capacités hospitalières grâce notamment au passage à temps complet des temps partiels, au rappel de retraités, à l’engagement des étudiants en formation et à une modification provisoire du Code du travail le 3 avril autorisant pour les personnels soignants un temps de travail de 48 h payé à 220%. À toutes ces initiatives, s’ajoutent l’ouverture d’hôpitaux provisoires et de nouveaux centres de soins de post-hospitalisation. Mais tous ces lits seront démontés après la pandémie. La demande citoyenne concerne, elle, les maisons de retraite pour lesquelles des moyens supplémentaires paraissent nécessaires et la poursuite du développement du maintien à domicile.
En outre, la santé étant de la responsabilité des citoyens et non de l’État, le système de santé est géré par les 21 régions suédoises et une autorité sui generis sans équivalent en France qui correspondrait à la somme de nos différentes académies des sciences et de médecines, de nos ordres de médecins, dentistes, pharmaciens, vétérinaires, infirmiers, kinés, auxiliaires de vie et des services statistiques et d’études de notre ministère de la Santé. Folkhälsomyndigheten (l’Agence de santé publique suédoise) ne finance pas, ne réglemente pas mais émet des recommandations qui sont suivies par tous les Suédois. Ainsi les vaccinations ne sont pas obligatoires mais pratiquées par 98% des Suédois.
S’agissant du Covid-19, l’Agence a invité fermement les seniors à rester isolés (mais à sortir prendre l’air) et aux jeunes de continuer à avoir une forte pratique sportive en respectant les règles de distanciation. Elle a établi que les complications du Covid-19 sont extrêmement rares chez les enfants, estimé que s’ils étaient vecteurs de contamination de la grippe classique, ils ne l’étaient pas obligatoirement du coronavirus et qu’ainsi il n’y avait pas en l’état de la science de raison sanitaire de fermer les écoles. Ses responsables ont dit en début de crise que la pénurie de masques était aussi grave pour les bien-portants que celle du papier toilette, donné leur accord pour utiliser, vu l’urgence, des équipements n’ayant pas la norme CE, autorisé provisoirement en l’absence de certains médicaments leurs équivalents vétérinaires… Bref, l’Agence répond rapidement à toutes les questions que la propagation d’un virus inconnu peut poser et n’hésite pas à changer d’avis lorsque les savoirs progressent. Ainsi informées d’un traitement à base chloroquine, toutes les cliniques en Suède ont commencé à utiliser ce traitement quand les premiers patients sont arrivés ; certaines ont mis fin dès fin mars à l’utilisation d’hydroxychloroquine en raison d’effets secondaires du traitement et le 8 avril il y était mis fin partout. Les débats sur l’utilité des masques, la fiabilité des tests, l’efficacité des traitements et des médicaments sont réservés aux soignants et ne pénètrent pas la sphère politique.
De leur côté, les régions qui allouent les moyens prennent des mesures adaptées aux circonstances locales. Organisation des services à domicile, lits supplémentaires, mais aussi contrôle de la distanciation sociale dans les lieux ouverts au public, suppression des péages urbains pour favoriser provisoirement la voiture, collecte des encombrants permettant aux seniors volontairement confinés de trier leurs affaires, etc.
Une société fondée sur la confiance
La société a confiance dans les institutions qui ont elles-mêmes confiance dans la société alors que les Suédois se font confiance mutuellement.
Quelques illustrations de cette confiance. Le 12 mars, au moment où il interdit les rassemblements publics de plus de 500 personnes, le Gouvernement supprime provisoirement le jour de carence et l’obligation de donner un certificat médical pour obtenir un congé maladie. L’idée est de libérer du temps pour les médecins confrontés à l’épidémie et le Gouvernement sait que les Suédois ne profiteront pas de cette situation. Le 16 mars, le Parlement suédois estime qu’il doit donner l’exemple du confinement volontaire et décide avec l’accord de tous les partis que, provisoirement, 55 parlementaires siègeront au lieu des 348 habituels. Le même jour, la Compagnie des chemins de fer suédois indique que tout voyageur pourra acquérir deux places pour le prix d’une seule de façon à être assuré d’avoir l’espace nécessaire pour ne pas être contaminé.
Un nouveau sondage IPSOS, fin avril, montre que 64% des Suédois ont une grande confiance dans le système de santé (50% en mars), et 56% dans les autorités (42% en mars). 59% sont satisfaits des informations données par les autorités (47% en mars) contre 39% pour celles venant des médias (34% en mars). Et ceci bien que 77% jugent que le coronavirus est une grosse menace pour la Suède (56% en mars), 35% pour eux-mêmes personnellement (22% en mars).
À la suite de quelques incidents dans des boîtes de nuit et restaurants, le Premier ministre a rappelé le 28 avril aux Suédois qu’ils sont responsables du respect des règles de distanciation et indiqué qu’il était prêt à renforcer les mesures de restrictions actuelles si nécessaire. Mais il lui paraîtrait plus sage que les Suédois continuent à assumer la responsabilité de leurs comportements.
L’historien suédois Lars Tragardh a mis en évidence combien dans les périodes de crise, chaque peuple retrouve ses habitudes nationales. Chaque pays doit prendre ses propres mesures en fonction de ses traditions et de son système de gouvernement. « En Suède, un confinement contraint aurait provoqué une contre-réaction néfaste alors même que les recommandations volontaires devront être respectées pendant très longtemps », indique le Gouvernement.
L’OMS a critiqué un choix qu’elle a cru inspiré par une recherche d’immunité collective et qu’elle a qualifié de dangereux. Le gouvernement suédois répond qu’il poursuit les mêmes objectifs que ceux de tous les gouvernements (limiter le nombre de morts), mais qu’ils ne peuvent être atteints dans leur pays par la coercition. Les Suédois vont payer un prix plus lourd à court terme que leurs voisins scandinaves, mais le nombre de leurs morts sera malgré tout limité grâce au confinement volontaire et ils ne souffriront pas des effets économiques et psychologiques plus graves à long terme qu’entraîne la coercition.
L’avenir tranchera.
Cet article est paru dans le n° 499 de la revue l’Ena hors les murs Mai-juin 2020