La seconde table ronde do colloque organisé par Galilee.sp le 29 janvier dernier, à l’occasion de la délivrance du prix CIGAL, portait sur la question: « Economie sociale et solidaire, concurrence et marché : avec quel cadre européen lutter à armes égales sans perdre son âme? »
Cette table ronde réunissait les intervenants suivants :
Jean-Louis BANCEL, président du Crédit Coopératif,
Jean-Luc de BOISSIEU, Secrétaire Général du Groupement des Entreprises Mutuelles d’assurances (GEMA),
Emmanuel VALLENS, administrateur de la Commission européenne, DG Marché intérieur et services
Jorge de SA, président du CIRIEC-Portugal
Denis STOKKINK, président du think tank « Pour La Solidarité »
La thématique retenue pour susciter le débat visait à évoquer la dimension européenne de l’économie sociale et solidaire, dont quelques chiffres montrent d’emblée l’importance croissante : 10% des entreprises existantes, 6% de l’emploi et une entreprise nouvelle sur 4 appartiennent à ce champ au niveau européen.
Que fait l’Union européenne en ce domaine? Quelles sont les ressources financières, notamment, que l’Europe entend, ou permet de, consacrer à ce secteur d’activité? Quels sont les supports juridiques qui accompagnent, voire favorisent, le développement de l’économie sociale et solidaire sur le territoire européen, y compris le développement trans-frontières? Quels sont les atouts que présente l’Europe, mais aussi les obstacles qui lui sont propres, pour l’ESS?
Telles sont les principales questions, parmi d’autres, qui ont été abordées au cours des échanges, lesquels ont permis de clarifier certaines notions, de montrer combien certaines approches de l’économie sociale et solidaire étaient encore très « franco-françaises » et de souligner pourquoi et comment la carte européenne pouvait être un réel atout pour l’avenir de l’ESS.
La présentation des initiatives de la Commission européenne, en particulier du Social Business Act, a été l’occasion de mettre en avant la vision inclusive de l’économie sociale au niveau européen, qui inclut l’entrepreneuriat social, et ne s’y oppose pas. Elle a également permis de rappeler qu’en dépit des différences apparentes, en termes de langage et de concepts utilisés, les acteurs de l’économie sociale parlaient bien des mêmes réalités, et faisaient face aux mêmes défis.
A partir de ce constat, une ligne de fracture s’est assez rapidement et assez nettement dessinée entre ceux appelant à « sortir du nombrilisme », en mettant l’accent sur la grande diversité européenne et en regrettant l’approche française « très statutaire », et ceux pour qui l’Europe a banalisé l’économie sociale en refusant de lui reconnaître une spécificité.
De semblables divergences d’approche sont apparues lorsque les perspectives de croissance de l’économie sociale et solidaire ont été abordées : pour certains, la croissance des entreprises de l’ESS était non seulement possible mais souhaitable, tandis que d’autres considéraient que ces entreprises n’avaient pas vocation à créer des empires, mais plutôt à se développer selon le schéma du réseau.
Un consensus s’est néanmoins dégagé sur les valeurs qui sont celles de l’économie sociale et solidaire, par-delà les frontières, et sur la nécessité, pour que la dimension européenne de l’ESS soit profitable à tous, de prendre en compte la diversité des approches nationales existantes. A ce titre, l’annonce, par le vice-président Tajani, d’une future proposition de règlement sur les mutuelles européennes, susciterait l’attention de tous.
Pierre GOUDIN
Modérateur de la table ronde
Administrateur de Galilée.Sp