Aujourd’hui, ouvrons ensemble le bal des Chroniques de Galilée.sp !
Sur quelle musique et à quel rythme ? Avec quel désir et quelle distance ?
Le parti de la Vie !
Je me sens au cœur de l’appétit de Vie qui s’exprime dans notre première expérience collective de confinement. Un mois déjà. Un autre qui commence.
Appétit de vie de « tout le peuple des soignants et aidants », qui montrent à tous depuis plusieurs semaines, leur envie de soulager, guérir, trouver rapidement et avec sûreté les parades efficaces contre les attaques du Coronavirus. Appétit de vie et de servir des métiers qui étaient indétectés dans nos anciens radars déréglés (éboueurs, logisticiens, commerçants, enseignants, pompiers, comptables publics…). Appétit de vie des non-malades qui, tel un jet jaillissant difficile à canaliser, ont envie de sortir, de retrouver de l’activité à l’extérieur et d’autant plus que le printemps vient d’arriver.
Je prends le parti de la Vie. C’est le parti majoritaire depuis l’apparition de l’homme sur terre car si l’homme n’avait pas réussi à domestiquer le feu ou traverser les océans, nous ne serions pas là, en 2020.
Je prends le pari que ce parti majoritaire de la Vie saura, sans peur, imaginer et construire le monde où il fait bon vivre ensemble, avec la même joie que celle, manifestée spontanément, qui s’exprime dans les chants de reconnaissance, le soir, à 20h aux balcons, italiens, français et…et…
Je prends le pari que le parti des peurs, des critiques et des sceptiques saura convertir ses méfiances et être aussi à l’avant-garde de la recherche de solutions nouvelles construisant une confiance réciproque.
C’est en conjuguant peur et joie dans la vie qu’on avance, individuellement et collectivement.
La vie n’est ni linéaire, ni confortable, c’est un jeu de pistes !
Comme la vie, une chronique c’est un jeu de piste entre deux dimensions : Chronos et Kairos.
Chronos, c’est le temps qui s’écoule, c’est le temps de nos habitudes qui nous donnent l’illusion qu’il faut suivre des voies déjà tracées pour aller d’un jour à l’autre, d’une année à l’autre, de notre naissance à notre mort.
Kairos, c’est l’instant fécond, qu’on a envie d’attraper par les cheveux et de retenir pour changer profondément quelque chose dans notre vie. Ce peut être la rencontre amoureuse, la signature du contrat de travail ou le concours administratif réussi, le coucher de soleil sur la mer, l’éclosion des fleurs de pommiers. Chacun vit ses Kairos.
Qu’allons-nous saisir de notre Kairos de confinement prolongé ?
La vie, c’est une étrange chronique ! car nos temps, individuels et collectifs, se complètent ou se contredisent, se nouent ou se déchirent. Ils se mêlent de nos vies, ils s’en mêlent, ils s’emmêlent !
Nos temps nous remuent et peuvent même provoquer certains vertiges. Qu’est ce qui me relie à mon histoire, mon passé, mes racines et celles de mes ancêtres, de mes collègues, de mes voisins, de mes ennemis ? Qu’est-ce qui se déroule dans le fil de mon quotidien et m’entraîne vers un futur inconnu ? Où sont nos racines ? Et lesquelles avons-nous en commun ?
Quel rapport avec Galilée.sp ?
Notre think-tank opérationnel a beaucoup travaillé, à la mesure d’un Petit Poucet qui a de la suite dans les idées, et aura 10 ans l’an prochain.
Dans ces Chroniques, nous allons nous entraîner à démêler Chronos et Kairos ! Pour ce faire, nous allons utiliser des lentilles de la lunette de Galilée.sp pour mieux voir la République, le service public et l’Etat dans le monde toujours nouveau et en mouvement, avec ses facettes multiples, contradictoires, vibrantes, complémentaires … bref vivantes !
Jusqu’à présent nous avons écrit et publié deux livres.
Le premier « Où va la fonction publique ? » était consacré à un état des lieux, avec des témoignages internes (de fonctionnaires) et externes (dirigeants d’entreprises, anciens ministres, élus politiques, syndicalistes…), sur le moral des troupes, l’engagement pour l’intérêt général et le potentiel d’innovation. Notre constat : l’engagement personnel est hors norme quand l’on considère que les serviteurs de l’État ont été les premiers à être malmenés par des exercices aveugles de réductions budgétaires, fondées sur une idéologie comptable et néo-libérale qui ne portait aucune vision stratégique d’avenir sur les missions de service public.
Le second « Pour une nouvelle philosophie politique de l’action publique. La fonction publique républicaine, on y croit, voilà pourquoi ! » était un questionnement sur la mise en œuvre de l’idéal républicain, en 2016, par les administrations publiques et les élus politiques. Pour écrire ce livre, nous avons révisé « nos classiques » et visité des pensées qui sont « moins classiques ». Nous avons pétri nos méninges pour analyser quelques grands champs de politiques publiques. Nous avons reformulé des principes et tracé des perspectives pour créer des « administrations coactives ».
Avec notre passion pour le concret et notre conviction que les paroles et les idées ne valent rien si elles ne trouvent pas à s’incarner, nous avons créé des méthodes de travail.
Nous avons mis au point une méthode de stimulation de la créativité collective pour résoudre les problèmes et inventer des solutions nouvelles : les L.I.I. (Laboratoires incubateurs d’Idées), dont vous pouvez consulter la vidéo de présentation.
Nous avons promu un accompagnement de coaching systémique dans les organisations publiques (en créant un executive master avec l’Université de Paris-Dauphine, l’EM-CATOP[1]).
Nous avons organisé des échanges et partages d’idées nouvelles, de témoignages et d’expériences en nous associant à des partenaires venant d’autres horizons.
Des associations et organismes professionnels[2] (AD-PA, AATF, Technologia), des banques de modèles différents (Banque Populaire, CASDEN et Banque Delubac ) des centres de recherches (Pour la solidarité, CIRIEC France et International, Association Service public), des réseaux de réseaux (Le Pacte civique, Miroir Social) ont ainsi soutenu et pris part à nos activités : petits-déjeuners, séminaires, colloques Phil’ O Boulot, Jardins philosophiques.
Comment nous situer dans le foisonnement d’idées ?
La crise actuelle (et surtout celle à venir que beaucoup prédisent, annoncent et même décrivent) fait germer la parole et les idées.
La sidération initiale du confinement et le temps désormais disponible sont à l’origine d’articles qui pullulent. L’abondance des avis, des prises de parole, des commentaires déferle et nous laisse presque cois. Quoi ajouter ?
Et il y a une frénésie qui commente en chaîne et en boucles.
Rythme accéléré voire effréné quand les intervenants « s’autoallument » sur des réseaux partagés. Nous sommes alors témoins en direct sur nos écrans de téléphone de l’intensité de la libido (au sens d’énergie pulsionnelle) qui circule habituellement dans nos vies quotidiennes dé-confinées. Après plusieurs semaines d’expérience, que choisir ? Débrancher, participer ou veiller ?
Quelque chose a les formes d’un tohu-bohu éruptif puis le mimétisme des uns et des autres fait que la matière prend des formes plus récurrentes.
Irruption, tohu-bohu puis évolution vers des formes résultantes de forces d’attraction indétectables aux premiers instants. Comme si un Univers se créait sous nos yeux ! Sommes-nous « poussières d’étoiles » (Hubert Reeves) ou visionnaires dans le monde (François Cheng) ?
Observons ce qui circule sur fond de trépidation
Il y a des contenus, des critiques ; l’heure des comptes et des bilans s’annonce ! Apparemment, rien de nouveau sous le soleil des détracteurs en quête de pouvoir, soit qu’ils l’ont perdu soit qu’ils n’en auraient pas assez ?
Il y a des utopies qui réussiraient à nous réunir pour construire vraiment un monde de Demain, différent et positif, plus juste et plus vivant pour tous, moins outrageusement inégalitaire, préservant notre biodiversité et notre climat.
L’opposition entre le pôle des agitateurs des peurs et le pôle des résolus transformateurs est instable et génère l’énergie qui fait avancer la démocratie ou la fait basculer.
Dans l’espace politique, économique, social et culturel, la République se construit au mitan de ces polarités volatiles. Elle construit le long terme de nos vies avec quelques valeurs -oui, spirituelles – qui offrent un horizon à tous : Liberté, Égalité, Fraternité.
À toute époque, la France vit les soubresauts inévitables de son Chronos. En attrapant par les cheveux son Kairos républicain, elle rend la trajectoire de nos vies praticable grâce à la créativité et la laïcité.
Un mois supplémentaire de confinement pour lutter contre le Coronavirus. Un mois de confinement supplémentaire pour distinguer Chronos et Kairos dans nos vies, par un travail d’introspection. Un mois supplémentaire pour se préparer à créer les administrations publiques « coactives » dont nous avons besoin.
Galilée.sp est porteur d’utopie et porteur de sens pour que d’autres paroles s’expriment, celles des individus ne s’autorisant pas à dire leurs mots, de peur d’être jugés et mis de côté.
Armons de vigilance et de vigueur la République ! Ouvrons la parole dans des espaces d’écoute réciproque et de dialogues !
Un arrêt sur image !
Galilée.sp vous invite à relire quelques pages de Léon Garibaldi et Lucie des Monts écrites en février 2017.
« Quelles expériences risquées pourrions-nous entreprendre aujourd’hui et que nous gagnerions à préparer et vivre collectivement avec créativité ?
Chacun dans sa vie peut choisir ses expéditions pour soi et pour la « tribu » à laquelle il appartient.
Aujourd’hui, la République ne manque pas de défis à relever et l’esprit créatif gagnera à les entreprendre comme des expéditions de court, moyen, long terme pour ouvrir l’horizon. (…)
Quelle que soit l’aventure choisie, de nouvelles connaissances et de nouvelles pratiques (philosophie, finances, droit, culture, gestion, techniques, valeurs, sciences fondamentales et appliquées en sciences humaines et en sciences dites « dures » …) seraient découvertes, inventées, expérimentées, testées, remplacées, pérennisées dans des lieux atypiques et accessibles à tous. Un travail d’encyclopédiste et de journaliste d’un nouveau type serait générateur d’histoires et d’Histoire. Des généralistes, nouveaux traducteurs, apparaîtraient. Ce serait une Renaissance républicaine de l’Esprit Humaniste. »
Pour une nouvelle philosophie politique de l’action publique, p. 196
Et maintenant les pages de conclusion de l’ouvrage de Lucie et Léon
« Ouvrons les volets et le génie républicain français se réveillera !
Réveillons le génie français, celui de la culture et de l’énergie républicaines, antidotes puissants qui ont fait leurs preuves contre les barbaries et l’obscurantisme mais qui ont été négligés par les enfants gâtés des « Trente Glorieuses ». Ne rêvons pas d’un Âge d’Or, remettons plutôt nos cœurs à l’ouvrage en assumant nos racines, notre héritage et en développant nos talents contemporains.
La France bénéficie d’un État et d’une Fonction publique ne demandant qu’à servir et à relancer une nouvelle dynamique du pays.
Cela ne passera pas par des mesures techniques listées dans un programme politique, avec des directives imposées du sommet. Ces méthodes ont été essayées et le résultat n’a pas été au rendez-vous.
Nous pouvons faire mieux : redonner de l’autonomie, soutenir les initiatives collectives de terrain, diffuser une culture d’émancipation culturelle et spirituelle des personnes et des équipes, favoriser la créativité et les innovations.
Les cadres de travail pour cela existent. C’est une nouvelle culture, accessible, à portée de main. Il faut s’en saisir et avancer ensemble avec confiance. Car travailler différemment dans la fonction publique, ce sera mobiliser l’impact puissant d’un travailleur français sur cinq au service d’une nouvelle dynamique pour tous les citoyens.
Nous avons besoin de courage et de solidarité.
Nous devons pouvoir compter sur un État réorganisé, protecteur et inspirateur.
Repartons du cœur du projet républicain : la République est émancipation.
La République, c’est l’émancipation avec la culture et la laïcité.
Résolument, de nouveaux horizons à tracer ensemble !
Nous avancerons ensemble quand l’État aura retrouvé sa capacité à se transformer en mobilisant ces deux énergies, Yin et Yang.
La créativité et l’Humanisme sont aussi indispensables que les comptes, les règles de droit et le statut.
L’heure est maintenant à la co-action avec le modèle si vivant et si performant de la ruche.
La France, « 6ème puissance économique mondiale », qui vit actuellement dans l’adversité en entrant dans une nouvelle ère de l’Humanité, peut retrouver sa trajectoire spirituelle. »
Pour une nouvelle philosophie de l’action publique
Les lignes en italique que vous venez de lire sont la conclusion de « Pour une nouvelle philosophie de l’action publique » et elles sont totalement actuelles !
Rendez-vous le mois prochain avec Lucie et Léon, nos deux auteurs pseudo à succès.
Catherine Gras
Présidente du Conseil d’orientation de Galilée.sp
[1] Executive master Coaching et accompagnement de la transformation des organisations publiques
[2] AD-PA : Association des directeurs au service des personnes âgées. AATF : Association des administrateurs territoriaux de France. CASDEN : La banque coopérative de la fonction publique. CIRIEC : Centre international de recherches et d’information sur l’économie publique, sociale et coopérative