Petit déjeuner du jeudi 20 juin 2019 avec Camille Bourdin
sur le thème du Japon « De ci de là »
Brève « bio » de Camille Bourdin
Titulaire d’une licence LLCE (Langues, Littératures et Civilisations Etrangères) de japonais, mais aussi d’un BP de fleuriste, Camille a effectué 2 séjours au Pays du soleil levant, dans des circonstances différentes :
- Etudiante à Paris-Diderot, encouragée à faire une expérience de mobilité, elle a passé une année (2007/2008) à l’université de Shirayuri en tant qu’étudiante invitée afin d’apprendre le japonais tout en travaillant comme assistante de langue pour aider les étudiantes japonaises à améliorer leur français.
- Grâce à l’obtention d’un visa « vacances/travail », Camille a passé 10 mois dans l’archipel nippon (Tokyo, Niigata, Okinawa) en exerçant des activités rémunérées (Hôtesse d’accueil dans un grand hôtel de Tokyo) et bénévoles (au sein d’une association qui organise des séjours de repos/ »récupération » pour les enfants de Fukushima.
Un petit détour « galiléen » pour présenter Camille et ses expériences vécues au pays du soleil levant…
Il y a un peu plus d’un an, en mars 2018, pour un petit déjeuner, Galilée recevait Jane Turner, psychologue clinicienne venue parler des « transformations sur le chemin d’une nouvelle identité » et du « voyage du héros «.
S’appuyant sur les travaux de Joseph Campbell (« le héros aux mille et un visages »), Jane Turner avait présenté « le cycle du changement » et ses différentes étapes : « Tout commence par le rêve… Ou un coup de pied au c… ! Et s’il s’agit d’un rêve, celui-ci doit être vaste, porteur, donner de l’énergie pour s’incarner, s’incorporer, pour pouvoir se mettre en mouvement, éprouver et être éprouvé, agir, déterminer ce qu’on laisse tomber, ou au contraire ce que l’on garde, faire le tri pour conserver l’essentiel, passer par cette phase d’alignement, du soi héroïque ».
Dans ce cadre, il nous a alors semblé intéressant d’inviter Camille pour qu’elle parle de ce qu’elle a vécu il y a un peu plus de 10 ans en tant qu’étudiante, et plus récemment en tant que « voyageuse » et « travailleuse temporaire » dans un pays que les occidentaux ont généralement bien du mal à comprendre.
Le goût du Japon
Comme pour beaucoup d’autres ados, les « mangas » et les jeux vidéo ont été pour Camille le point de départ de sa passion pour le Japon. C’est ce qui l’a poussée à entreprendre des études de langue et de civilisation japonaises et ce qui lui a ouvert les portes de l’université de Shirayuri pour une première expérience « de terrain » en tant qu’étudiante/assistante de langue.
Expérience jugée très positive par notre invitée, mais néanmoins incomplète dans le sens où Camille ne s’est pas sentie aussi « dépaysée » qu’elle le pensait ! Un goût d’inachevé, en somme !
Au retour de ce premier séjour, Camille reprend le chemin de la fac, passe sa licence, mais très vite se pose la question de savoir ce qui va se passer après…. Entreprendre un Master ? Oui, mais sur quoi ? Et pour « aller où » ? A l’époque, l’université ne propose pas de Master professionnel mais uniquement des Masters de recherche. Après s’être vue refuser le sujet qui lui tenait à cœur initialement, elle jette l’éponge au bout de quelques mois.
La désillusion et le changement de cap…
Du coup, changement radical : Camille passe par la case « fleuristerie » en suivant pendant 3 ans des études à l’école des fleuristes de Paris . Elle obtient son Brevet Professionnel, travaille en magasin…. Mais l’idée de repartir au Japon la poursuit… Sa passion pour le Japon et les japonais est toujours aussi vivace.
Retour en territoire nippon en 3 étapes :
Tokyo, Niigata, Okinawa
Février 2018 : départ pour le deuxième séjour au Japon, avec alternance d’activités rémunérées, découvertes touristiques, et bénévolat.
Tokyo Hôtel Richmond, Asakusa…
Cette fois, il s’agit d’une vraie « immersion » dans la vie quotidienne nippone, en tant que salariée d’un grand hôtel tokyoïte, le Richmond. Camille se (re)familiarise avec les us et coutumes locales et devient notamment experte dans le domaine des fameuses « courbettes » à la japonaise : « La politesse au Japon n’est pas seulement verbale, elle est aussi très ancrée dans la gestuelle et j’ai eu droit à quelques petites leçons pour arriver à la courbette presque parfaite (ojigi) : les mains ramenées juste en dessous du nombril, main gauche sur main droite avec pouce droit sur pouce gauche (parce que je suis une femme, pour les hommes c’est différent) ; je salue puis j’incline le buste à environ 30 ° et mon regard doit suivre l’inclinaison, il n’est pas fixé sur le client (…) Le degré, le nombre et la durée des courbettes varient en fonction de la situation et du rang social des personnes concernées. Peu de jours après mon arrivée, j’ai commis une énorme bourde en refusant l’accès à un couple en tenue tellement décontractée que j’ai cru qu’ils étaient en pyjama ! (Extrait du blog de Camille « Otsukaresama »)
Pour compléter cette « initiation », le directeur du lounge de l’hôtel a expliqué à Camille que généralement, quel que soit le secteur d’activité, les employeurs japonais suivaient le code d’honneur du samouraï, le Bushido.
Niigata : l’immersion
Le séjour de Camille se poursuit à Niigata ville où vit un couple de japonais que Camille avait connu en France.
« Une fois débarrassée de mon fardeau en soute, je pris place dans le bus pour cinq heures de route. J’étais idéalement installée, toute seule à l’avant avec plus de place pour mes jambes que je n’en avais eu dans l’avion.
J’avais le cœur gonflé d’enthousiasme à l’idée de ce nouveau départ et ne pas savoir de quoi demain serait fait : qui allais-je rencontrer ? Où allais-je aller ? Qu’allais-je faire ? Quand rien n’est prévu, tout est possible !(…) Le bus finit par s’engager dans un très long tunnel et quand enfin il en sortit pour déboucher dans la préfecture de Niigata, l’ambiance avait radicalement changé : un voile brumeux recouvrait tout, les sommets se perdaient dans les nuages, l’air était chargé du parfum des cèdres, exhalé par la moiteur tellement lourde qu’on pouvait la ressentir à travers les vitres du bus. En faisant abstraction de l’autoroute et des quelques constructions humaines qui la jonchaient, on aurait pu se figurer un paysage de la Terre à ses débuts. Le concept du Yin/Yang chinois existe au Japon sous le nom d’Omote/Ura et s’applique à toute chose, notamment aux façades maritimes.
Le territoire japonais est divisé en deux parties : celle qui donne sur le Pacifique et qui est industrialisée et ouverte sur l’étranger (omote) ; et celle qui donne sur la Mer Intérieure, plus rurale et moins développée (ura). J’avais passé la frontière invisible qui sépare ces deux Japon. » (Extrait du blog de Camille « En route pour Niigata »)
Cette grande ville de province n’attire pas les touristes et pour notre intervenante, c’est vraiment l’occasion d’expérimenter et de partager la vie quotidienne des japonais, et d’en apprendre un peu plus sur la place des femmes dans la société nippone ou… sur la manière de bien tenir les baguettes lors des repas !
« Voici quelques bonnes manières utiles à connaître en vue d’un séjour au Japon ou simplement pour son édification personnelle :
- Il ne faut jamais planter ses baguettes dans le bol de riz car c’est ainsi qu’il est présenté en offrande aux morts ;
- Il ne faut pas non plus les planter dans un aliment pour l’attraper ;
- Quand on se sert dans un plat commun, on attrape la nourriture avec l’autre extrémité des baguettes, celles qui n’entre pas en contact avec la bouche ;
- Si l’on nous tend quelque chose, il faut poser ses baguettes avant de le saisir ;
- Même s’il peut être tentant de prendre une baguette dans chaque main pour couper des morceaux (légumes, poisson etc.), il faut se débrouiller avec une seule main » (Extrait du blog de Camille « les bonnes manières à table »)
La place des femmes dans la société japonaise
Premier constat : la société nippone reste très patriarcale. Et il est quasiment impossible pour une femme japonaise de concilier vie personnelle et vie professionnelle. Il y a très peu de crèches, elles sont très chères et lorsqu’une femme a des enfants, ça met fin presqu’aussitôt à son « ascension » professionnelle. Le choix se réduit alors à la famille ou au travail… Les mariages sont rarement des mariages d’amour ; le plus souvent, il s’agit de mariages « de raison, des sortes de « partenariats domestiques » (sic).
Dans son blog, Camille brosse le portrait de son amie Miho : « Miho, qui vit à Yokohama et qui continue à m’impressionner de par sa force de caractère et son aptitude à assurer sur tous les fronts. Elle est maintenant maman d’un petit Haruma, trois ans, dont elle s’occupe presque seule puisque son mari travaille à Nagoya et ne rentre que le weekend (ce n’est pas une configuration rare ici et dans certains couples, le mari travaille même parfois à l’étranger !), ce qui ne l’empêche pas de faire carrière et de s’élever au sein de son entreprise. Comme quoi, c’est possible ! Rare et difficile, mais possible. (Extrait du blog de Camille « Nouvelles en vrac« )
Le tableau est cependant moins rose pour une autre de ses amies.
Mère de deux petites filles et malheureuse en ménage, elle cherche depuis longtemps le moyen de divorcer mais l’absence d’alternatives l’en empêche car elle ne travaille qu’à temps partiel lorsque son mari est à la maison et si elle passait à temps plein, elle n’aurait de toutes façons pas les moyens de se payer un loyer et les frais exorbitants d’une crèche. Ses parents ne la soutiennent pas et ses amies ne la comprennent pas car « son mari a une bonne situation et en plus, il [l’]aide un peu (!) à s’occuper des enfants » (sic).
L’alcool et les japonais : le « rituel » de l’Izakaya
Ayant travaillé dans un « Izakaya » (bar https://fr.wikipedia.org/wiki/Izakaya) à Niigata, Camille a vu combien l’alcool avait un effet désinhibiteur sur les japonais, puisque après des journées de travail plus que remplies, c’est le seul moment de « détente » de « laisser-aller », d’évacuer la pression, car les gens disposent finalement d’assez peu « d’espace » dans leur vie quotidienne : « [les « Izakaya » sont des] bistrots typiquement japonais, sortes de bars à tapas où l’on mange (un peu), où l’on boit (beaucoup) et où l’on peut fumer. Les Japonais s’y rendent généralement entre collègues après le travail avant de rentrer chez eux en titubant ».(Extrait du blog de Camille « Chroniques de Niigata l’izakaya » )
De fait, bien loin d’être une échappatoire, le passage par « l’izakaya » relève ironiquement davantage de la corvée et peut-être perçu comme un prolongement du temps de travail car celui qui refuserait l’invitation de son chef pour rentrer chez lui, se verrait considéré comme un traître individualiste faisant peu cas de renforcer ses liens avec ses collègues.
Okinawa : l’accueil des enfants de Fukushima
Août 2018 : pendant 1 mois Camille a partagé la vie des enfants venus de Fukushima pour se « régénérer » dans le cadre de l’action menée par l’ONG japonaise « Okinawa Kuminosato » (téléchargement du flyer de présentation de l’association ici
Tout au long de l’année, l’association accueille des groupes d’enfants pour des séjours courts (en général une semaine) mais réguliers. Pourquoi les accueillir à Okinawa ? Parce qu’il est de notoriété publique – et même internationale – que l’environnement y est très sain (parce que très préservé) et que le « régime d’Okinawa » est reconnu comme étant excellent pour la santé.
Ces séjours permettent aux enfants de renforcer leur système immunitaire en faisant baisser le taux de radioactivité dans leur organisme (cf. article du Parisien 06/03/17)
Au-delà d’un séjour qui pourrait ressembler à celui dans une colonie de vacances, les enfants bénéficient d’examens médicaux gratuits et d’exercices pour combattre leur essoufflement et leur fatigue chroniques et leur redonner tonicité et endurance.
Camille a été bouleversée par cette expérience d’accompagnement.
Sur un plan plus général, on peut dire que le tsunami du 11 mars 2011 et l’accident nucléaire de Fukushima ont « traumatisé » durablement les japonais, entraînant un désintérêt et une réelle perte de confiance dans les institutions, les politiques, les experts, pour un peuple pourtant habitué aux catastrophes à répétition (volcanisme, séismes, tsunami) et qui sait d’expérience ce que « éphémère » veut dire…
Et quid de la fonction publique au Japon ?
Ce petit déjeuner se déroulant dans le cadre des activités de Galilée.sp, il était normal que Catherine Gras, Présidente du Conseil d’orientation de l’association interroge notre intervenante sur ce sujet ! A-t-elle rencontré beaucoup de fonctionnaires pendant ses pérégrinations ? Qu’a-t-elle pu observer ?
Dans l’avion qui l’emmenait à Tokyo en Février 2018, le siège voisin de celui de Camille était occupé par un ingénieur météo en poste… à Okinawa. Ils se sont donné leurs coordonnées et lors de son séjour sur cet archipel, elle a retrouvé ce fonctionnaire, en poste pour une durée de 4 ans à Okinawa avant de « faire sa mobilité «. Elle dit avoir été impressionnée par la compétence, le dévouement et les grandes qualités humaines de ce météorologue.
Elle ajoute que ce qu’elle a pu constater à l’occasion d’autres contacts avec l’administration nippone, c’est que les fonctionnaires conservent une bonne image auprès de la population, qu’ils jouissent d’un certain prestige et qu’ils forment une sorte d’élite, notamment du fait d’un recrutement par des concours particulièrement sélectifs.
Avant son séjour à Okinawa, Camille avait eu à faire pas mal de démarches administratives à son arrivée à Tokyo. Voici ce qu’elle écrit dans son blog à ce sujet : « Lorsque qu’un étranger arrive au Japon pour un séjour d’une durée supérieure à trois mois, il est tenu d’aller déclarer son adresse à la mairie affiliée à son logement dans les deux semaines qui suivent son entrée sur le territoire.
Je me suis donc rendue à la mairie de l’arrondissement de Nakano le vendredi.
Une employée m’a fait remplir un formulaire, on m’a demandé si j’avais déjà séjourné au Japon et si oui, avec quel type de visa et auprès de quelle mairie et enfin, on m’a dit qu’on allait me fournir une carte de sécurité sociale.
Une fois encore, j’ai été épatée par l’efficacité de l’administration japonaise : au bout d’un quart d’heure, tout était prêt. On m’a annoncé qu’une carte avec une sorte de « numéro unique de citoyen » allait m’être envoyée à domicile dans un délai de deux semaines ». (extrait du blog de Camille »Administration et errances »)
Que retient Camille de ses pérégrinations nippones ?
Un renforcement de sa passion pour ce pays, pour ses habitants, pour sa culture, sa langue.
La langue japonaise
C’est une langue contextuelle qui privilégie le « collectif » par rapport au « personnel/individuel ». Au Japon, ce n’est pas la personne qui est au premier plan, contrairement à ce qui existe dans nos pays occidentaux, dans nos langues européennes entre autres, et encore moins avec notre « cartésianisme » revendiqué… Pour Camille, la langue japonaise est une langue « subtile ».
Camille ajoute que dans la culture japonaise, l’homme est un « maillon de la grande chaîne », il n’est pas au centre du monde.
Impressions
De retour en France, Camille fait part de ses impressions et fait le point sur son séjour de 10 mois au Japon :
Interrogée par les participants à ce petit déjeuner pour savoir si elle avait envisagé de s’installer définitivement au Japon, Camille répond qu’elle avait assez vite compris qu’elle se sentait « foncièrement française » (sic) et qu’à de nombreuses reprises au cours de ce séjour, elle avait touché du doigt à quel point nos modes de vie et de pensée étaient assez difficiles à faire « cohabiter » !
Sur un plan très personnel, Camille pense que ses pérégrinations nippones l’ont mise face à elle-même, l’ont fait sortir de sa zone de confort. Elle a osé faire des choses dont elle pensait qu’elle n’était pas capable. D’un tempérament très introverti, jamais elle n’aurait imaginé un an auparavant passer un mois entourée d’une cinquantaine d’enfants sans pouvoir guère s’isoler plus de 20 minutes par jour. Elle « râle » moins, et se sent capable de plus de bienveillance envers ses semblables.
Elle a connu des périodes de grande fatigue à force d’être en constante adaptation, de doutes, de découragement, de solitude, même si comme elle reconnaît elle-même dans son blog : « A aucun moment je n’ai sérieusement envisagé un retour anticipé mais je me demandais pourquoi j’avais fait tout ça si c’était pour me retrouver comme une loque qui a le temps mais pas l’énergie pour étudier ou profiter de la vie tokyoïte. Et puis je me consolais en me disant que dans tous les cas, cette année m’offrait une pause bienvenue loin des grèves, des relents âcres de pisse des couloirs du métro, du risque d’attaque terroriste, du harcèlement de rue et autres incivilités ou dangers devenus tristement banals à Paris ». (Extrait du blog de Camille « Temps d’adaptation » ).
Et elle ajoute : « Mais outre l’aspect matériel, c’est bien davantage le civisme qui est agréable : la sécurité ambiante, le sentiment de pouvoir relâcher son attention et de ne pas être sur ses gardes en permanence, la propreté de la ville, le respect des biens publics et de ceux d’autrui, le fait de savoir qu’en tant que femme, on ne va pas se faire siffler ou insulter indépendamment de la tenue qu’on porte… Je m’aventure dans des ruelles que jamais je n’emprunterais en région parisienne ».(Extrait du blog de Camille « Bilan 1 mois » )
« Profiter des choses tant qu’on peut, car rien ne dure éternellement »
Et pour conclure ce petit déjeuner sur une note « fleurie » (celle des cerisiers en fleurs «Sakura »), un dernier extrait du blog de Camille : « Je crois que la masse de gens attirée par les cerisiers est aussi importante que le spectacle est éphémère et l’un explique sans doute l’autre. La floraison cette année aura duré une dizaine de jours et avait à peu près une semaine d’avance sur les prévisions annoncées.
Quand je pense que certaines personnes prévoient leurs vacances en fonction de cet événement qui dépend des caprices de la météo, je suis vraiment heureuse d’avoir eu la chance d’y assister une deuxième fois dans ma vie. Même si ça m’a coûté quelques bains de foule, le jeu en valait vraiment la chandelle car non, ce n’est pas surestimé et oui, c’est vraiment impressionnant, même à la toute fin, lorsque les pétales s’amoncellent au sol et tapissent les pieds des arbres et des bouts de rues…
Et c’est aussi une belle leçon de vie : profiter des choses tant qu’on peut car rien ne dure éternellement ! ». (Extrait du blog de Camille « Marathon des cerisiers »)
© Photo Camille Bourdin