Avant même de proposer une réflexion sur ce péril qui correspond à un état des lieux « entretenu par le taux d’audience médiatique », je dirai spontanément que la menace est réelle voire imminente si nous ne savons plus ce qu’est la solidarité mot clé galvaudé, accaparé par les castes, dénaturé par manque de vision sur sa finalité dans l’espace et dans le temps.
2020, annus horribilis…
Lorsque je me retourne sur les dix derniers mois de cette année atypique, je suis triste comme tous les républicains de constater que nous sommes encerclés par des craintes voire des peurs multiples qui menacent notre quotidien et par voie de conséquence la sérénité qui permet d’échanger, de transmettre des savoirs, de dialoguer, d’organiser la contradiction dans le respect des personnes, d’entreprendre, de créer, de travailler… Toutes ces « libertés » qui constituent la vraie contribution à évoluer vers un monde meilleur sont menacées de façon tellement inattendue que nous sommes fragilisés au point de ne plus savoir si l’instabilité du « quotidien » va devenir la norme. Les libertés qui donnent un sens à la vie, aux passages de relais, aux enthousiasmes et aux sacrifices se réduisent comme une peau de chagrin par la montée des contraintes, des désillusions, des désordres nés de nos égoïsmes qui conduisent à un constat affligeant : la République n’est pas organisée de façon à contribuer efficacement au renouveau de la Nation.
Quel est le point commun entre « l’islamisation de nos banlieues » qui remontent à 1995 avec le passage de la délinquance au terrorisme, les assassinats de ceux qui défendent la liberté d’expression et le droit au dialogue pour analyser et comprendre donc « éduquer », la COVID 19 qui est une pandémie de nature assez classique à l’échelle de l’histoire, les catastrophes dite naturelles, etc. ? C’est un déclin progressif mais constant vers la fragilité et le manque de repère car les « systèmes » sont devenus de moins en moins efficaces à mesure de leur éloignement des valeurs de la République. Il n’y a pas de liberté sans solidarité et l’égalité reste bien souvent un concept juridique dont la mise en œuvre est regardée comme plus ou moins utopique selon les situations (égalité devant l’accès à l’emploi, égalité dans le respect des règles de la concurrence, égalité hommes-Femmes, égalité et droits de l’homme etc.).
Des lueurs d’espoir
Il y a néanmoins des lueurs d’espoir.
Dans une première approche, on ne peut que constater que la pandémie 2020 qui, à elle seule, met en évidence nos faiblesses collectives et individuelles en générant les angoisses qui conduisent parfois les anciens à se demander s’il faut mourir de la COVID19 ou du chagrin de l’isolement forcé. Elle a indéniablement contribué à fragiliser les jeunes en semant le doute sur leur avenir et les menaces du chômage qui résultent des moyens de lutte contre ce fléau touchent des familles entières avec leur lot de destruction de « l’humain ». En ajoutant les dérèglements climatiques et les catastrophes qu’ils produisent déjà chaque année, l’impression d’être aux portes d’une d’apocalypse à l’échelle planétaire distille le poison d’un sentiment d’abandon.
La seconde approche est bien sûr plus positive car, pour une fois, la pandémie 2020 a suscité de vraies solidarités et une amorce de capacité à remettre les valeurs républicaines au service de tous. Les circonstances exceptionnelles ont, comme par miracle, donné des moyens pour que l’hôpital redevienne ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un lieu d’accueil des souffrances avec des moyens réels sans blocages budgétaires surréalistes. C’est aussi un lieu de partage du savoir et des compétences. C’est enfin un lieu d’innovation en prise directe avec les recherches les plus pointues. Certes il faudra s’assurer que cette démarche née de la contrainte qui progresse par le dévouement au sein de métiers diversifiés s’épanouira dans le temps avec une organisation adaptée et des échanges européens. La République a le devoir de réussir cet enjeu car il en va de sa renaissance donc de son devenir. Il servira d’exemple aux décideurs publics et privés mais restons très vigilants sur le concret de ce début d’évolution.
Jean-Marie ROSSINOT
Galilée.sp
[1] L’œuvre de JonOne est un hommage aux fondements de la République et de la démocratie. Le tableau se trouve à l’Assemblée nationale. John Andrew Perello alias JonOne est né en 1963 à New York, aux États-Unis. Il commence le graffiti à la fin des années 70.