Retour sur la soirée du 26 novembre 2019 organisée par Galilée.sp, Le Pacte Civique et L’association Service Public.
La soirée était dédiée à la troisième valeur de la République, valeur trop peu incarnée, souvent négligée et que nos trois associations souhaitent aider à remettre au cœur de la République et de nos vies de citoyens.
La soirée était présentée par Jacky RICHARD, coordonnateur du Pacte Civique et animée par Paul-Hubert des MESNARDS, président de l’UPR Créativité de Galilée.sp.
En entrée, les trois associations ont présenté brièvement leurs travaux et leurs engagements :
- Jean-Baptiste de FOUCAULD, président du Pacte civique, a demandé l’ouverture d’un « chantier national Fraternité » basé sur un principe « pas de prestation sans relation ».
- Catherine GRAS, présidente du conseil d‘orientation de Galilée.sp, a appelé les trois fonctions publiques à oser l’innovation et l’engagement pour incarner vraiment et au quotidien les valeurs républicaines.
- Yannick PROST a rappelé que Service public avait été créée en 1980 par Pierre Joxe, François Hollande et Jacques Fournier pour préparer une alternance politique.
Jean-Marc SAUVÉ a été l’orateur principal et a partagé son analyse juridique approfondie de la notion de Fraternité. Conseiller d’Etat honoraire, Jean-Marc Sauvé a été secrétaire général du Gouvernement puis Vice-Président du Conseil d’Etat.
« Nous ne pouvons être libres et égaux que si nous sommes fraternels les uns avec les autres. La fraternité, c’est un idéal qui permet à la société de tenir ensemble et de se projeter sur des buts communs. (…) La fraternité est un principe collectif d’interactions entre citoyens, créateur de droits et de devoirs. (…) La fraternité est une intuition assez remarquable qui met l’accent sur les interactions entre les citoyens et la finalité du corps social. »
Voilà une définition bien campée qui constitue la compréhension, par un de celui qui fut « le plus haut fonctionnaire de l’Etat », de la valeur de fraternité ; fraternité et solidarité sont trop souvent confondues. La solidarité est un principe, au cœur des systèmes de transferts sociaux ; la fraternité est une chaleur de relations humaines.
Selon Jean-Marc SAUVÉ, « les ex soixante-huitards n’ont pas su se rallier à l’aspiration à la fraternité. » Pour lui, la fraternité sera construite grâce aux « millenials », génération en qui il met son espoir.
Des échanges nourris s’en ont suivi.
- Catherine GRAS, pour Galilée.sp, a ainsi souligné : « il est urgent de prendre en compte les émotions pour reconnaître l’autre comme une personne à part entière. Sur ces bases, revoir les fondamentaux de la fonction publique est nécessaire. Les politiques publiques doivent répondre concrètement aux besoins qui se posent dans la vie des gens. »
Trois témoignages d’actions concrètes en rapport avec la fraternité ont ensuite été présentés :
- Gilbert DELEUIL, préfet et président du conseil d’administration de Galilée.sp, a présenté l’expérience des Maisons de Service public. « C’est un réel progrès de traiter l’usager comme une personne en allant au-delà d’une posture de guichet ».
- Bertrand GALICHON, responsable des urgences de l’hôpital Lariboisière à Paris : c’est l’accueil fraternel qui permet de continuer à soigner les personnes vivant la grande exclusion ! « La fraternité a tout changé ! »
- Bertrand DELMAS-MARSALET, conseiller du haut-commissaire à l’engagement civique, a brossé un tableau contrasté : des initiatives législatives nombreuses cherchent à encourager l’engagement des citoyens pour faire vivre la fraternité mais leur superposition nuit à la lisibilité et au but recherché.
Après cet élan donné à nos « petites cellules grises », la soirée a été l’occasion pour soixante personnes de travailler en 8 ateliers participatifs, animés par Paul-Hubert des MESNARDS. L’assemblée motivée a cherché des pistes concrètes de mise en œuvre d’actions fraternelles du quotidien.
Récolte très fructueuse de plus de 300 idées sur sept pistes formulées par les groupes eux-mêmes :
- Face au défi climatique, quelles initiatives pour développer la fraternité ?
- Quel code de conduite fraternelle pour la fonction publique ?
- Réintroduire la fraternité entre les usagers du service public et les administrations
- Comment les services aux citoyens peuvent-ils être chaleureusement fraternels ? Prendre des exemples et faire vos propositions concrètes.
- Comment passer fraternellement le relais aux générations Y, Z et aux millenials ?
- Comment la fraternité peut-elle trouver sa place dans la gestion des ressources humaines de la fonction publique ?
- Quelles formations pour les fonctionnaires afin de faciliter la fraternité au quotidien ?
Thierry LE GOFF, directeur général de l’administration et de la fonction publique, avait participé à l’ensemble de la soirée, y compris aux Ateliers participatifs, et s’est exprimé sous forme de libres propos. « Réellement un remerciement pour cette soirée. Ces temps de réflexion et de prise de distance sont de moins en moins fréquents dans la fonction publique. (…). La fraternité est en quelque sorte un des axes de la nouvelle loi sur la fonction publique car les relations humaines doivent retrouver une place plus grande dans les relations de travail. »
Puis, Jacky RICHARD a conclu la soirée par une synthèse et des orientations :
- La fraternité n’est ni une attitude individuelle, ni communautaire. Il reste à mieux différencier solidarité et fraternité et à faire de la Fraternité une nouvelle ambition républicaine.
- Il faut sortir la fonction publique du système des 3C « clientélisme, carriérisme et corporatisme » selon la formule de Jean-Marc SAUVÉ.
- Des actions sur les acteurs doivent être entreprises : 1/ en formant à l’intelligence relationnelle et à la créativité dans les écoles de service public y compris et surtout dans la nouvelle ENA que Frédéric Thiriez doit imaginer. « La fraternité doit devenir un principe de management ». 2/ en travaillant avec les associations, avec la réserve citoyenne et la réserve civique 3/ en profitant des expériences formidables de terrain car « le national a à apprendre du local. »