L’Economie Sociale et Solidaire n’est pas un secteur à part, ni en marginalité, ni en alternative au système économique classique. Elle occupe sa place, et ce depuis longtemps. Les données réunies par le CNCRESS pour l’année 2017 démontrent amplement son poids dans l’économie française. L’étude que les professeurs espagnols Monzon et Chavès du Ciriec-Espagne viennent de publier pour le compte du Comité Economique et Social Européen souligne sa dynamique au sein de l’Union Européenne, avec 13,6 millions d’emplois rémunérés.
Face aux dérives d’une mondialisation non maîtrisée et aux inégalités qu’elles génèrent, l’Economie Sociale et Solidaire constitue une potentialité majeure de transformation de l’économie. Non lucratives, fonctionnant démocratiquement, innovantes, généralement tournées vers l’intérêt général, les organisations et entreprises de l’ESS représentent un bon exemple de ce que devraient être les acteurs d’un système économique tourné vers la satisfaction des besoins plutôt que vers la rémunération à tout prix des capitaux investis. Au surplus, elles ont la capacité d’être des co-constructeurs des politiques publiques pour favoriser l’intérêt général, en transversalité avec le secteur public dont les moyens sont à bout de souffle. Non pas pour le remplacer, mais pour organiser opportunément des synergies et des complémentarités basées sur un partenariat public-privé non-lucratif.
Avec la transformation numérique qui avance à grands pas, l’ESS constitue une belle opportunité pour créer de nouvelles relations entre les individus : mise en œuvre de projets partagés, développement de l’économie dite collaborative, de l’économie circulaire, de la finance socialement responsable, organisation de nouvelles solidarités grâce aux réseaux sociaux, mise en œuvre de nouveaux modes de gouvernance démocratique, etc…
C’est donc bien une façon très moderne d’entreprendre, en ce qu’elle permet aux individus d’être acteurs de leur futur en s’appropriant les mécanismes économiques et les institutions, au lieu d’être des hyper-consommateurs comme les y incitent les géants du commerce international.
L’avenir de nos sociétés en proie à de grandes incertitudes, nécessite de leur redonner un sens plus humain, plus social et plus solidaire, en s’appuyant sur les valeurs universelles garantes d’un meilleur vivre ensemble.
L’ESS est probablement l’un des bons moyens pour redonner ce sens, et à ce titre, mérite d’être soutenue et encouragée.
Alain ARNAUD, président de l’UPR ESS