La France vient de voter. L’actuel président de la République est réélu. La France votera à nouveau pour les élections législatives. Emanuel Macron n’est donc pas encore assuré de disposer d’une majorité dans la future Assemblée nationale…
Dans notre République, les élections sont libres, les médias sont indépendants, les partis politiques sont autonomes, nos dirigeants savent que leur maintien au pouvoir n’est jamais assuré.
Elle n’est pas parfaite, mais quelle chance avons-nous de vivre en démocratie !
À l’autre bout de l’Europe, en Russie, il en va tout autrement, malgré l’effondrement de l’URSS…
Le même président est en place depuis plus de 22 ans. Il concentre tous les pouvoirs. Les élections ne sont pas libres. Les partis politiques sont bridés. Les médias sont muselés et sommés de véhiculer la propagande officielle. Police et justice sont corsetées. Le mensonge et les « fakes news » sont érigés en système. La Russie est une autocratie, dans le langage euphémisé d’aujourd’hui ou une dictature, dans le langage plus cru d’hier.
Un État autocratique de cette nature est nécessairement un État belliqueux, fauteur de guerre. On l’a vu, notamment, en Géorgie et aujourd’hui en Ukraine.
François-Mitterrand disait : « le nationalisme c’est la guerre ! ». Pour ma part, je dirais l’autocratie et le nationalisme, c’est la guerre assurée ! Car autocratie et nationalisme vont ensemble.
La Russie se comporte à l’étranger comme un véritable Etat voyou. Elle conduit des entreprises de déstabilisation notamment au travers de cyber-attaques ciblées comme on a pu le voir lors des élections américaines qui ont vu l’arrivée de Donald Trump au pouvoir ou en France en 2017. Des mercenaires sont envoyés dans des pays sur lesquels on cherche à s’appuyer et à exploiter les ressources. C’est une nouvelle forme d’impérialisme, « low cost ». En effet, cela ne revient pas cher puisque la dépense militaire est assumée par le pays d’accueil ! « La main de Moscou » est souvent (mal) cachée…
Derrière l’autocratisme russe, il y a donc un nationalisme et un impérialisme.
Le président russe exalte le sentiment « patriotique » russe dans un vertige paranoïaque au travers d’un roman national enjambant les époques tzariste ainsi que communiste et post communiste. Certes, au lendemain de la chute du mur de Berlin, les « occidentaux » auraient pu se comporter plus intelligemment… Mais rien ne peut justifier l’attaque militaire, en dehors des règles de l’ONU, d’une nation souveraine.
Après le démantèlement des empires austro-hongrois, allemand, britannique et français, la Russie reste la dernière nation véritablement impérialiste. Elle règne sur un espace géographique gigantesque à cheval sur 2 continents.
Au lendemain de l’effondrement de l’URSS tout le monde prévoyait, avec Francis Fukuyama (La fin de l’Histoire, 1992), le triomphe du système capitaliste et de la démocratie dans le monde entier.
Aujourd’hui la Russie nous rappelle que cela peut valoir pour le capitalisme mais pas pour la démocratie. Elle tente aujourd‘hui d’organiser un véritable front international contre les démocraties. Celles-ci sont accusées sans aucun discernement, dans un procès uniquement à charge, de tous les maux : instabilité politique, universalisme des valeurs, irreligiosité, liberté sexuelle, domination économique, esclavagisme, (néo)colonialisme …
Libéralisme économique et libéralisme politique ne vont donc pas forcément de pair. Et les véritables démocraties restent une poignée parmi l’ensemble des Etats représentés à l’ONU.
Ainsi, la Chine réussit à concilier à merveille le communisme avec le capitalisme. L’Inde file, actuellement, « du mauvais coton ». En Europe même, on voit des Etats tels que la Pologne, La Hongrie, la Slovénie hésiter entre la démocratie véritable et « l’illibéralisme ».
Les républicains et tous les démocrates ne peuvent donc que condamner l’actuelle guerre d’agression russe contre l’Ukraine, dans l’intérêt de ce valeureux pays mais aussi dans l’intérêt de tous les pays attachés aux valeurs universelles du Siècle des Lumières. Aussi est-il affligeant de constater qu’au sein même de nos Etats démocratiques, et en France même, des leaders populistes d’extrême droite et parfois aussi, d’extrême gauche, se prosternaient encore tout récemment devant le maître du Kremlin, avant qu’il ne devienne subitement infréquentable…
On ne doit pas jouer à la roulette russe avec la République et la démocratie !
Comme disait Sir Winston Churchill, « la démocratie est le plus mauvais des systèmes, à l’exception de tous les autres ! ».
Gilbert Deleuil
Préfet honoraire
Président du conseil d’administration
Galilée.sp