… Voici les « philo jardin » ou… les « filojardin » !
Depuis décembre 2017, Laurence Fiessinger, trésorière de Galilée.sp portait l’idée du lancement de ce nouveau type d’activité.
Des réunions ont alors été organisées pour donner corps au projet et faire naître ce « jardin philosophique », premier du genre, fruit d’un travail mené conjointement avec l’équipe du Musée Delacroix et celle de Galilée.sp et avec l’expertise de Jean-Jacques Sarfati, philosophe, juriste et éthicien.
Un prototype et un thème…
Le souvenir ! Ce fut le thème du premier Jardin philosophique de Galilée.sp – premier du genre – au Musée Eugène Delacroix, le 10 juillet 2018 à Paris. Nous avons testé notre prototype, en forme d’esquisse.
3 textes, l’un de Delacroix lui-même, l’autre de Schopenhauer et le troisième de Krishnamurti, figuraient sur le flyer remis aux participants pour alimenter la réflexion.
Et un texte introductif de Jean-Jacques Sarfati venait compléter et illustrer ces pensées philosophiques sur le thème retenu pour ce premier jardin philosophique.
Accueil et présentation de l’activité
À mi-journée, des invités de Galilée.sp et du Musée se sont retrouvés « au jardin » pour philosopher avec Jean-Jacques Sarfati et Madame Dominique de Font-Réaulx, conservateur en chef du patrimoine et directrice du Musée national Eugène Delacroix.
Le peintre a vécu dans ce lieu préservé de 1857 jusqu’à sa mort en 1863 : « La vue de mon petit jardin et l’aspect riant de mon atelier me causent toujours un sentiment de plaisir…J’y travaille ». (1857)
Les participants prennent place.
Dominique de Font Réaulx présente le musée et le thème du souvenir chez Delacroix. Laurence Fiessinger rappelle comment va se dérouler cette première séance de philosophie au jardin. Après une courte séance de méditation guidée par Catherine Gras, pour centrer le groupe sur ses souvenirs, Jean Jacques Sarfati introduit le sujet philosophique du jour.
A partir de là, l’activité se déroule comme suit :
- Semis d’idées en petits groupes,
- Petite récolte des travaux de groupe avec Jean-Jacques Sarfati,
- Les yeux : Présentation d’un ou deux tableaux du musée par Dominique de Font Réaulx. Delacroix, grand lecteur, porte déjà la modernité en ce qu’il est très ouvert sur l’exploration de la psyché et sur les recherches scientifiques de son époque. L’Homme, son destin, sa souffrance et sa grandeur, voilà des motifs de travail et d’inspiration de Delacroix, peintre du célèbre tableau « La Liberté guidant le peuple » (1830).
- Les oreilles : les chansons et les accords de guitare d’Anne-Marie Perret sont venus rythmer les étapes de l’activité
- Les papilles n’ont pas été oubliées avec une dégustation de thé et de madeleines (petit clin d’œil à Marcel Proust… !)
L’attention, la bonne humeur et l’ouverture d’esprit sont de mise…
… Pour « plancher » sur un sujet lié au souvenir. Sujet tiré au sort, comme par exemple « le premier vélo », « la première punition », « la première odeur »… L’occasion d’interroger, de s’interroger, de mettre en commun… Ci-après, un exemple de « petite récolte » pour un des groupes de participants :
La philosophie et le souvenir
Quelle juste place pour le souvenir et la mémoire ? Faire œuvre dans l’instant sur une table rase de passé, se débarrasser de la mémoire et de l’ancien ? A l’inverse, cultiver la nostalgie d’un Âge d’or que personne ne vécut ?
L’agitation tourmentée entre ces deux tentations opposées qui se défient mutuellement nous a fait chercher et discerner les souvenirs qui encouragent et sont fondateurs.
Le souvenir hante quand la dette du passé n’est pas payée ; il hante quand le bon souvenir n’est pas recueilli.
À partir de cette interpellation, nous sommes partis cueillir pour poser, ensemble, de la philosophie, de la justesse, une forme de sagesse, dans nos vies d’aujourd’hui.
Pensées partagées
Notre époque sature l’espace de mémoire … La mémoire artificielle fait peur car elle oblitère le reste.
Attention aux décisions politiques qui « patrimonialisent » ! Trop de patrimoine sature l’espace intellectuel et psychique, charge nos présents de multiples passés et laisse moins d’espace possible pour notre créativité.
Le souvenir n’est pas la mémoire car on ne peut pas fabriquer du souvenir. Le souvenir est personnel
Le Musée Eugène Delacroix n’est pas un mémorial, c’est l’atelier-musée imaginé en 1937 par d’autres artistes et créateurs. C’est un musée de vie, aménagé dans l’ermitage d’un peintre.
Avons-nous des souvenirs d’odeurs ? L’odeur, c’est l’expérience intime du ténu. L’odeur, contingence du monde, ni façonnable, ni maîtrisable. Inaccessible ! Est-ce le pendant de Dieu ? … Si c’est le pendant de Dieu … c’est le pendant de l’amour … et si c’est le pendant de l’amour, cela explique qu’on cherche les odeurs fortes !
Le premier amour … Est-ce une partie de l’« idéal de soi » qui structure les souvenirs ?
Plutôt que mémoriser et stocker, transmettre et créer !
Avec Delacroix, sous le signe de la modernité
Comment le champ du réel et de l’imaginaire coexistent-ils ? Comment être sur les deux registres ? Avec le souvenir, Eugène Delacroix nourrit le présent des traces du passé, ajoute de la narration à sa peinture ; de la profondeur apparaît. La scène est là, épaisse de vie.
Le propos des Jardins philosophiques de Galilée.sp
Un Jardin philosophique est une séance qui permet d’aérer ses idées pour se donner la possibilité de faire germer des pensées nouvelles.
Renouant avec la tradition française du débat d’idées fondé sur l’écoute mutuelle, le respect, la fertilisation croisée et un certain plaisir de l’échange, Galilée.sp promeut de nouvelles formes et de nouveaux lieux qui permettent d’aérer la terre dans laquelle poussent nos idées, d’en prendre soin pour en récolter chaque année les fruits, au rythme des saisons.
Les polluants, à éviter ! Les nouveaux fruits, à cultiver et déguster !